« La croyance en un progrès de l’humain » Joël Bernat

L’on entend souvent des phrases telles que : « où va-t-on ? », « la jeunesse est perdue, ne respecte rien », « tout fout le camp », « de mon temps, c’était mieux », etc., oubliant que se répète ici ce que parents et, avant eux, grands-parents disaient, et ainsi de suite… sans doute depuis l’aube du mode. Tout cela asséné comme s’il se proférait là quelques vérités. Ainsi, avec un peu de « conscience historique », l’on peut saisir que cela se dit et se répète presque mot pour mot à chaque génération, ce qui, dès lors, nous mène à entendre bien autre chose, au-delà du contenu de ce qui se dit.

C’est encore plus triste lorsqu’on nous vend des livres sur le déclin des valeurs, évidemment chez les jeunes dont les auteurs ne font plus partie, et sur l’urgence de réinstaurer les valeurs de leurs temps qui n’est plus. Passons sur le commerce qui consiste à poser qu’il y a du déclin, ce qui ne peut qu’inquiéter, et que l’auteur a bien sûr les clefs d’un progrès. C’est oublier que l’idée de progrès, mieux, le mythe du progrès de l’humain, est né seulement au XVIIIe siècle, est, et n’est que, une vision-du-monde ! Et non pas une : vérité.

La notion de « progrès » est apparue à la fin du XVIIè siècle avec Condorcet, Leibniz et Fontenelle. Auparavant, l’opinion était que l’humanité était vieille et proche de sa fin. Jean Delumeau rapporte que Napier, à la fin du XVIè siècle inventa les logarithmes pour pouvoir calculer plus facilement la date de la fin du monde que Nicolas de Cues envisageait pour l’année 1700 et Christophe Colomb pour 1656. Luther estimant que la somme des péchés était arrivée à un niveau intolérable aux yeux de Dieu, déclara un jour : « Nous avons atteint le temps du cheval blême de l’Apocalypse… Ce temps ne durera pas plus de cent ans. ».

Ce mythe du progrès fit passer les humains d’une représentation d’un monde fini et donc forcément en déclin à la représentation d’un monde infini et donc supposé en éternel expansion, interprétée comme incessant progrès (à l’instar de l’univers). Cette infinitude peut être à son tour angoissante pour certains, et peut être pour cela est-il préféré re-convoquer la croyance en un déclin, selon une échelle humaine, ce qui redonne une finitude au monde (à l’instar de la vie humaine).

S’il est indéniable qu’il y a un progrès technologique, ce qui est totalement réfutable est l’amalgame de ce progrès avec celui supposé de l’humain, comme si l’un marchait de pair avec l’autre. Confusion rassurante que les avancées technologiques amélioreraient l’humain, mais confusion dramatique en ce qu’elle relève d’un authentique déni.

Il y aurait donc déclin, mais de qui ? de l’autre ou de soi ? Pensons à la critique cinglante que Freud fait de Mœbius : ce n’est pas la science qui décline, c’est Mœbius lui-même… Cela s’appelait autrefois : projection, égocentrisme, etc.

Freud présente le livre que Mœbius écrivit peu avant sa mort, L’état désespéré de toute psychologie. Si le titre trahit l’approche de la mort de son auteur, la thèse qu’il développe est celle d’un monisme idéaliste révélant l’espoir d’une vie éternelle – de la pensée : celle de son auteur. (cf. Minutes de la Société Psychanalytique de Vienne, I, 1906-1908, Paris, Gallimard, 1976, séances 14 & 15).

La « conscience historique » est un outil qui permet de saisir que quelque chose se répète, immuablement (Voir Wilhelm Windelband, in « Histoire et sciences de la Nature » (1894) Les études philosophiques, 1/2000, PUF.) Outil qui nous déplace et amène une question : qu’est-ce qui me saisit là où je crois penser, qu’est-ce qui fait retour en moi, non traité, et pourquoi ? Qui et que me souffle cette rengaine ?

Nous proposons donc ci-dessous de quoi inspirer quelques réflexions sur l’idée du déclin selon le mode de la « conscience historique », sans autres commentaires : cela ne semble pas nécessaire. Donc, quelques pensées, dont la liste peut être étirées à l’infini…

 Sur la violence humaine

Tablette assyrienne environ 5 000 ans

« La foule loue la parole d’un homme prééminent, expert en crime, mais avilit l’être humble qui n’a pas fait de violence. Le malfaiteur est justifié et on chasse le juste. C’est le bandit qui reçoit l’or, tandis qu’on laisse affamé le faible. On fortifie encore la puissance du méchant, mais on ruine l’infirme, on abat le faible. » (In Dialogue sur la misère hulaine d’après Ancien Near Eastern Texts Relating to the Old Testament, J.B. Prichard (éd.), Princeton University Press, 1955, p. 440. Traduit par Georges Minois in Histoire des Enfers, Fayard, 1991, p. 19.)

  « L’Homme est un loup pour l’Homme.» («Homo homini lupus est.»

Plaute, in Asinaria, La Comédie des Ânes, vers 195 av. J.-C.  : « Quand on ne le connaît pas, l’homme est un loup pour l’homme ». Repris par Érasme in Adagiorum Collectanea, par Rabelais in le Tiers livre (chapitre III), par Montaigne dans les Essais livre III, chapitre 5, par Agrippa d’Aubigné dans Les Tragiques (Livre I), par Francis Bacon dans De Dignitate et augmentis scientiarum et le Novum Organum, puis par Hobbes dans le De cive : « Et certainement il est également vrai, et qu’un homme est un dieu à un autre homme, et qu’un homme est aussi un loup à un autre homme. ». Repris aussi par Arthur Schopenhauer dans Le Monde comme Volonté et comme Représentation et par Sigmund Freud dans Malaise dans la civilisation. L’homme ne ressemble pas au « bon sauvage » de Jean-Jacques Rousseau mais bien à un être sans scrupules, poursuivant ses intérêts au détriment des autres. De même, chez Freud, l’homme est par instinct un être doté d’« une forte somme d’agressivité. »

 « Je ne sais pas lire, et pour cela je voudrais que tous les livres fussent brûlés. » (Christopher Marlowe (1564 – 1593): La Tragique Histoire du Docteur Faust, Paris, Les Belles Lettres, 2004, Acte II, Scène III.)

 «Tout homme, pour peu qu’on le considère isolément, est plus ou moins intelligent et raisonnable. Sont-ils in corpore, il vous en ressort un seul imbécile.» (Schiller, Distique tiré des Xénies, intitulé : « Sociétés savantes ».)

 En 1969, lors de la cérémonie des Diplômes de Droit à l’Université de Harvard, un étudiant fit le discours suivant :

« Les rues de notre pays sont en émoi. Dans nos universités, les étudiants appellent à l’émeute. Les communistes n’ont qu’un seul but, désorganiser la nation. La Russie nous menace de toute sa puissance. La république est en danger. Oui, en danger, de l’intérieur comme de l’extérieur. Il nous faut rétablir la loi, il nous faut rétablir l’ordre. Sans l’ordre et sans la loi, nous ne survivrons pas. »

Une salve d’applaudissements avait ponctué ces mots et l’étudiant avait attendu le retour au calme pour enchaîner : « Ce discours a été prononcé en 1932 par Adolf Hitler. » (In Amanda Cross, Mort à Harvard, 10/18, 1993).

 Sur l’éducation et la jeunesse en perdition

 Poterie d’argile de Babylone, -3000 av. JC :

« Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du cœur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir notre culture. »

 Prêtre égyptien, -2000 av. JC :

« Notre monde a atteint un stade critique ! Les enfants n’écoutent pas leurs parents. La fin du monde ne peut pas être très loin. »

 Hésiode, -720 av. JC :

« Je n’ai aucun espoir pour l’avenir de notre pays si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain, parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible. »

 Socrate, -470 – -399 av. JC :

« Notre jeunesse (…) est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui (…) ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais. »

 Dr. med. Daniel Gottlob Moritz Schreber, 1860 : « Au sujet de l’éducation de la nation »

« Les motifs de souhaiter tromper le maître, ou les parents, ou les deux, qui tendent de plus en plus à prévaloir chez les élèves… » On sait ce que cela a donné sur son fils, Daniel Paul.

 Nous pourrions allonger la liste : Néron, Philippe le Bel, etc. Il y en a à chaque génération…

 Sur la croyance

Xénophane (-570, -475) qui dénonce l’anthropomorphisme des croyants, fussent-ils Homère ou Hésiode, qui ont « attribué aux dieux tout ce qui pour les hommes est objet de honte et de blâme », ou encore les ignorants qui se représentent les dieux à leur image : « Les Éthiopiens les voient camus et noirs, les Thraces avec les yeux bleus et les cheveux rouges » et « si les bœufs, les chevaux et les lions avaient des mains, ils peindraient leurs dieux comme des bœufs, des chevaux et des lions ». (« Fragments » 14-16, in Les Présocratiques, La Pléiade, Gallimard 1988).

 « Les idoles de la caverne sont celles de l’homme considéré individuellement ; chacun d’entre nous possède son antre personnel qui brise et corrompt la lumière de la nature par suite des différences d’impression qui se produisent dans un esprit prévenu et déjà affecté. »

« Il y a des idoles que nous appelons les idoles de la place publique. Car les hommes s’associent par le discours, mais un usage faux et impropre des mots dénature l’entendement, les mots s’imposant avec une force absolue à l’entendement et semant la confusion en toute chose. »

« Les idoles du théâtre, propagées par les divers systèmes des philosophes et par les lois dénaturées de la démonstration, se sont implantées dans l’esprit humain. Jusqu’à présent toutes les philosophies ont été autant de pièces de théâtre et n’ont montré que des univers fictifs et théâtraux. » (Bacon, Lord Francis (1561-1626), Novum Organum (1620), section II, Aphorismes V, VI, VII, P.U.F. 1986.)

 Sur le bruit

 Épopée de Gilgamesch, -3000 av. JC :

« Le monde beuglait comme un taureau et le Dieu tout-puissant fut dérangé par le bruit. (…) Enlil entendit le vacarme et dit aux dieux du conseil : ce tumulte de l’humanité est insupportable et il n’est plus possible de dormir. » C’est ainsi que les dieux furent conduit à envoyer le Déluge aux humains.

 Juvénal, poète romain, en 117 :

« Il est absolument impossible de dormir où que ce soit en ville. La circulation incessante des voitures dans les rues voisines suffi à réveiller les morts. » Et il considère l’insomnie comme cause principal de l’état maladif.

 La ville de Berne :

Elle édicte en 1661 une prescription contre « les appels, cris et désordre le dimanche » ; puis en 1784 contre « les chiens qui aboient », et en 1879, « contre la musique après 22 heures 30. » (Tiré de Die Zeit, 09 août 2001, “Die Welt brüllt wie ein Stier”).

 Schiller :

Le premier devoir civique serait celui du calme ; en effet, dans la vie quotidienne se cumulent les martèlements et heurts incessants des forgerons, les sonneries de cloche, et surtout le vacarme résonnant des roues de bois cerclées de fer sur les pavés inégaux accompagnés des claquements de fouets et autres invectives des cochers.

La ville faisait se côtoyer habitants et artisans : dans les arrière-cours, on boulangeait, imprimait, sciait du matin au soir, et les animaux apportaient leur vacarme.

 Le Scientific American, juillet 1899 :

« On ne dira jamais assez les mérites de l’amélioration des conditions de vie en ville du fait de l’introduction générale des véhicules à moteur (…) Des véhicules légers montés sur des pneus en caoutchouc, qui passent vite et sans bruit sur le revêtement lisse des rues élimineront en grande partie la nervosité, le manque d’attention et le stress de l’époque moderne. »

 Sur le stress

 1895 : W Erb :

(…) « La question primordiale est de savoir si les causes de maladie nerveuse dans notre existence moderne que l’on nous présente se sont suffisamment accrues pour expliquer une augmentation considérable de cette maladie – on peut sans hésiter répondre affirmativement à cette question, comme nous le montrera un coup d’œil rapide sur les formes de notre vie moderne.

« Il ressort déjà clairement d’une série de faits généraux que les conquêtes extraordinaires des temps modernes, les découvertes et les inventions dans tous les domaines, le maintien du progrès en face de la concurrence croissante ne sont acquis qu’au prix d’un grand travail intellectuel et ne peuvent être maintenus qu’à ce prix. Ce que le combat pour la vie exige de productivité de la part de l’individu s’est considérablement accru; il ne peut y satisfaire qu’en déployant toutes ses forces intellectuelles; en même temps, les besoins de l’individu, et ses prétentions à jouir de la vie se sont élevés dans tous les milieux; un luxe sans précédent s’est propagé à des couches de la population qu’il ne touchait pas du tout auparavant; l’irréligiosité, le mécontentement et l’avidité ont gagné des cercles plus étendus de la population; l’accroissement démesuré de la circulation, le réseau universel du télégraphe et du téléphone ont complètement transformé les conditions du trafic; tout a lieu dans la hâte et dans l’agitation, la nuit sert aux voyages et le jour aux affaires, les « voyages de détente » eux-mêmes deviennent une fatigue pour le système nerveux; des grandes crises politiques, industrielles et financières communiquent leur excitation à des cercles de la population beaucoup plus larges qu’autrefois; l’intérêt pour la vie politique est devenu chose tout à fait commune; les luttes politiques, religieuses et morales, les activités de parti, l’agitation électorale, le fait que les associations croissent de façon excessive, tout ceci échauffe la cervelle, contraint l’esprit à faire sans cesse de nouveaux efforts et mord sur le temps de détente, de sommeil et de repos; la vie dans les grandes villes est devenue de plus en plus raffinée et agitée. Les nerfs sont à plat et on cherche à se détendre par l’accroissement des stimulations et par des plaisirs très épicés, ce qui ne fait que fatiguer davantage; la littérature moderne s’intéresse surtout aux problèmes qui donnent le plus à penser, qui remuent toutes les passions, et prônent la sensualité, le goût du plaisir et le mépris de tout principe éthique et de tout idéal; elle offre à l’esprit du lecteur des cas pathologiques, des problèmes de psychopathes sexuels, des problèmes révolutionnaires et d’autres encore. En nous administrant à fortes doses une musique importune et bruyante on énerve et on surexcite nos oreilles; les représentations théâtrales excitent et emprisonnent tous les sens; même les beaux-arts se tournent par préférence vers ce qui est écœurant, haïssable, vers ce qui excite et n’hésitent pas non plus à nous mettre devant les yeux, avec une fidélité révoltante, ce que la réalité contient de plus horrible.

« Cette description d’ensemble nous montre déjà toute une série de dangers que comporte le développement culturel moderne i elle peut encore être complétée par certains détails ! » (In Über die wachsende Nervosität unserer Zeit, 1895.)

 1895 : KRAFFT-EBING :

« Le mode de vie d’innombrables hommes civilisés présente de nos jours quantité de facteurs antihygiéniques qui permettent aisément de comprendre que la maladie nerveuse se propage fatalement, car ces facteurs nocifs agissent en premier lieu et le plus souvent sur le cerveau. Il vient de se produire, au cours des dix dernières années, des transformations des conditions politiques et sociales des nations civilisées – dans le domaine commercial, industriel et agricole particulièrement; elles ont modifié considérablement profession, position civique et propriété et cela aux dépens du système nerveux qui doit satisfaire à l’accroissement des exigences sociales et économiques en multipliant la dépense d’énergie tout en ne pouvant récupérer que trop insuffisamment. » (In „Nervosität und neurasthenische Zustände“, 1895, in Nothnagel, Hanbuch der spez. Pathologie und Therapie.)

 1896 : BINSWANGER :

« On a caractérisé la neurasthénie spécialement comme une maladie tout à fait moderne et Beard à qui nous en devons la première description distincte croyait avoir découvert là une nouvelle maladie nerveuse qui s’était spécialement développée sur le sol américain. Naturellement cette hypothèse était erronée; cependant le fait que ce soit un médecin américain qui ait pu saisir et retenir le premier les traits caractéristiques de cette maladie indique sans aucun doute le lien serré entre cette maladie et la vie moderne, la chasse effrénée à l’argent et aux possessions, les progrès formidables du domaine technique qui ont rendu illusoires tous les obstacles temporels et spatiaux à la circulation. » (In Die Pathologie und Therapie der Neurasthenie, 1896.)

 Enfin, savourons tout le sel de cette extraordinaire phrase : « Le monde me stresse »…

 Sur la fin de la psychanalyse

 Brill, en 1907 :

« La psychanalyse était évoquée comme produit fini quand j’en ai pris connaissance. »

Alexander, en 1938 :

Alors président de l’IPA, Franz Alexander avance ceci, dans son « Adresse Présidentielle » : « Le mouvement psychanalytique doit disparaître, et l’Amérique est faite pour ça : combattre la technique classique, la dépendance créée par le transfert et son intensité » (donc passer de 4 à 5 séances à 3) pour une technique active. La sienne…

 Sur la crise de la famille

Des ouvrages, produits par certains psychanalystes, paraissent depuis quelques temps nous annonçant la crise de la famille, voire la mise à mal de la fonction du père. Il est remarquable que ces textes sont essentiellement publiés dans le but de préserver une certaine théorie, fort ancienne, puisqu’on la retrouve de tous temps dans la pensée judéo-chrétienne. Ces analystes ne s’interrogent absolument pas sur les fondements de leur pensée et donc pas sur ce qu’ils répètent, disons à leur insu ?

Mais est-ce nouveau ? Eh bien non, prenons un exemple :

 Édouard Pichon dont les traces sont toujours actives en certains lieux : « Mr. Freud ? On peut rendre hommage à son génie clinique et psychologique sans adopter les démarches de son esprit » (Pichon E, « La réalité devant M. Laforgue », Revue française de psychanalyse, X, PUF 1938, p. 688.) Et de rejeter les étrangers dans un grand sac socialiste, Staline et Hitler, Blum et Mussolini, qui ne pourront pas influer « sur la production intellectuelle française ».  Cela vise quoi, in fine ? Eh bien ceci : c’est le devoir de l’analyste de défendre l’institution sacrée du mariage… (Pichon E, « La famille devant M. Lacan », Revue française de psychanalyse, XI, PUF 1939, p. 132.)

Car, à partir des années vingt du XXe siècle, la mode était à la crise de la famille et la nécessité de ré-instaurer la fonction du père. Dolto ou Lacan s’y sont employés dans leurs théories. (Voir “La famille : le complexe, facteur concret de la psychologie familiale. Les complexes familiaux en pathologie.” Publié dans l’Encyclopédie Française, tome VIII, en mars 1938.)

 Jacques Lacan : « Notre expérience nous porte à en désigner la détermination principale dans la personnalité du père, toujours carente en quelque façon, absente, humiliée, divisée ou postiche. C’est cette carence qui, conformément à notre conception de l’Œdipe, vient à tarir l’élan instinctif comme à tarer la dialectique des sublimations. Marraines sinistres installées au berceau du névrosé, l’impuissance et l’utopie enferment son ambition, soit qu’il étouffe en lui les créations qu’attend le monde où il vient, soit que, dans l’objet qu’il propose à sa révolte, il méconnaisse son propre mouvement. »

L’Œdipe devrait tout à une « réalité » ?

 « Mes élèves les plus sages et les plus autorisés me demandent d’obtenir une audience du Saint Père.

« Je dois dire que je suis assez porté à le faire.

« Et que ce n’est pas sans un profond intérêt pour l’avenir de la psychanalyse dans l’Église que j’irai porter au Père commun mon hommage. » (Le 5 septembre 1953 : lettre de Jacques Lacan à Marc Lacan.)

 Alors : crise sociale, crise théorique ou crise « morale » ? Qu’est-ce qui fait retour chez ces penseurs, quels points-aveugles ? Vous remarquerez, si vous êtes attentifs, que c’est souvent ce qui arrive lorsque le psychanalyste a perdu de vue la sexualité infantile.

 Sur la canicule

Été 627 : toutes les sources sont taries ;

an 1000 : toues les rivières sont à sec ;

1303 : Loire, Allier, Rhin, Seine et Danube à sec (l’année précédente, les gens meurent de froid dans leurs lits)

 Sur la créativité

« Peu de gens ont la patience de ce métier qui consiste à réinventer toujours les mêmes choses depuis le début. » (Léonard de Vinci, Carnets, Gallimard, 1987.)

 « Les petits faits inexpliqués contiennent toujours de quoi renverser toutes les explications des grands faits. » (Paul Valéry, « Tel Quel I » in Œuvres II, Pléiade Gallimard, 1960.)

 « … difficulté qu’il y a, pour le psychanalyste, à trouver quelque chose de nouveau, quelque chose qu’un écrivain n’ait pas su avant lui. » (Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, Gallimard 1997, p. 336.)

Etc., bien évidemment. À chacun, donc, d’entendre ici ce qu’il veut bien.

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