Les TDAH et l’affreux Jojo de Dolto

Ma translation d’une conférence en septembre 1983 par Françoise Dolto à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont de Montréal (Québec) reprise dans  « Françoise Dolto parle de l’éducation » d’Arnaud de Mezamat (2008)

« (…) enfin, l’enfant insupportable avec pulsions actives, l’affreux Jojo, est rarement en danger.

« Mais celui qui est en danger dans la famille, c’est le gentil-mignon, qui donne satisfaction à ses parents, qui refoule ses pulsions actives, et qui, le jour où il n’a plus une réussite complète dans sa passivité avalante, avalante, qui n’arrive plus à avaler tout ce qu’on veut, et qu’il faut vraiment qu’il s’exprime comme un garçon, il se sent à ce moment-là, où comme fille, il se sent à ce moment-là tellement coupable de ne plus réussir en classe, il a perdu sa dignité qui n’était accrochée qu’à la réussite en classe, qui était un avalement, c’est-à-dire une sublimation des pulsions passives, d’obéissance et d’avalement, ce jour-là, cet enfant-là va faire une chute grave qui peut, ou se somatiser, ou faire un état dépressif violent jusqu’à tentative de suicide, alors que l’affreux Jojo pas du tout.

« L’affreux Jojo, on en a marre, on le met dehors, il est ravi de trouver … Lui, il n’était pas en peine parce que l’affreux Jojo était plein de pulsions actives qui trouvaient à s’exprimer. Finalement le milieu familial qui avait tellement besoin de satisfactions n’en avait pas et il faisait de la peine à ses parents. Alors on le menace de pension, puis enfin, enfin, il obtenait ce qu’il voulait, c’est à dire s’en aller de ce milieu où il étouffait. A l’extérieur, l’affreux Jojo devient tout à fait bien.

« Seulement c’est celui qui était gentil, qui est resté à la maison, qui est bon pour la grande dépression un beau jour, parce qu’un enfant ne peut pas vivre pour faire plaisir à ses parents, c’est pervers. Et il se sent coupable s’il ne fait que du déplaisir à ses parents, mais il l’est moins, il l’est moins coupable vis-à-vis de son destin à lui-même s’il ne fait pas plaisir à ses parents mais qu’il vit en bonne santé, que s’il fait plaisir à ses parents et qu’il éteint les potentialités de son autonomie totale, c’est-à-dire de son activité, de son agressivité, de ses amitiés à l’extérieur.

« C’est évident qu’un enfant, comme j’en ai vu, qui vivait « prépare ton avenir, prépare ton avenir » toute la vie, on jouait jamais parce qu’on préparait son avenir, ben, c’est évidemment des enfants qui n’ayant jamais eu de présent n’ont pas d’avenir quand l’avenir est devenu présent, et leur avenir c’était un avenir psychiatrique, jusqu’au moment où il y avait une analyse qui pouvait les en sortir. On voyait ce qui avait été l’horreur de cette vie à préparer son avenir à perpétuité sans jamais avoir un présent satisfaisant pour eux au milieu des autres enfants de leur âge. »

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