Jacques WODA : « Le cri de la musaraigne »

Il y a quelques années et quelques kilos je pratiquais la randonnée en montagne. Un jour je descendais à grandes enjambées un éboulis calcaire. Ma jambe franchit un gros bloc et ma chaussure se posa juste derrière, lourdement. J’entendis un bref et léger couinement : je venais d’écraser par l’abdomen un petit animal, mulot, souris, musaraigne… qui avait trépassé en poussant ce petit cri. Je voudrais moi aussi pousser mon petit cri, sans forcément trépasser. Je mets entre guillemets « » les citations que j’emprunte parce qu’elles expriment ma pensée plus joliment que je ne saurais le faire, et je suis de ceux qui résistent mieux à une jolie femme qu’à une jolie phrase (en réalité ce n’est pas exact, mais j’ai voulu faire une jolie phrase).

1- « Pour la modestie je ne crains personne »

Mon analyste m’a suggéré d’ « écrire quelque chose ». Thanatos interpelle Éros :

– 100.000 titres paraissent en France chaque année, soient plusieurs millions de livres. Penses-tu livrer quelque chose de nouveau ?

– « En matière de pensée, l’originalité est un idéal encore plus chimérique que la certitude ».

– Imagines-tu l’humanité haletante suspendue aux vérités désaltérantes qui, goutte à goutte, percoleraient de ta plume ?

– Je ne prétends apporter quoi que ce soit à qui que ce soit.

– Que vises-tu ?

– Je ne vise qu’à ordonner une douzaine de pensées pour voir clair.

– A quoi te servirait de voir clair ?

– A voir clair.

J’arrêtai là la dispute et, tel un sage livrant les fruits d’une vie de méditation, je vais raconter comment je vois, je m’explique et me raconte que le monde fonctionne. Ou plus modestement, je vais énoncer quelques réflexions générales.

Je n’oublie pas que tout discours se déclarant neutrement descriptif narre en même temps quelque chose du narrateur. C’est inévitable et donc ici, mais peu me chaut, inévité.

2- « Pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien ? »

Au départ, j’existe. Pensé-je donc suis-je ? Ou bien suis-je celui qui est ? Va pour le cogito. Ensuite je constate que je veux persévérer dans mon être. Va pour le conatus. Persévérer ? Qu’est-ce à dire ? Pourquoi faire ? À quelles conditions ? Avec qui ?

Qu’est-ce à dire ?

Pour moi, persévérer dans son être signifie, fondamentalement, agir pour continuer à vivre, d’abord au sens physique, biologique, du verbe. Quand les circonstances le permettent, vivre implique en supplément des plaisirs, des possessions, des honneurs, des richesses… Si des circonstances contraignantes et dures surviennent, l’essence matérielle de vivre ressurgit immédiatement.

Pourquoi faire ?

Enfant j’ai vu un film documentaire sur la vie des lions. Des images, et un commentaire : « Les lionnes partent à la chasse……le gnou épuisé est rattrapé…. les carnassiers le mettent à mort…… le gnou est dévoré……les lions repus font la sieste….. il est à présent temps de repartir à la chasse. » Et je m’étais dit : chasser, manger, dormir, rechasser, remanger, redormir, et ainsi de suite ? Qu’est ça ? Quel sens ? Le documentaire ne parlait pas des amours félines. Ou je ne m’en souviens pas. Mais ce divertissant diverticule n’aurait sans doute pas mieux éclairé ma question. Car alors j’ignorais le désir et le plaisir. Je les découvrirai plus tard et en parlerai plus loin. Ce qui ne répondra quand même que peu à mon étonnement archaïque.

A quelles conditions ?

Né au tout début de la guerre (précisons la deuxième, souhaitons qu’elle demeure seconde, guerre mondiale) j’étais alors trop petit pour la voir, assez grand pour la ressentir. A cette époque, « Ce n’était pas de sexe que nos parents parlaient le soir à voix basse, autour de la table, mais de mort ». « Une question au moins avait reçu sa réponse : de la douleur on ne veut qu’une chose, qu’elle cesse ». Et dans mes tripes s’est ancré l’impératif : d’abord survivre, et ne pas souffrir.

D’emblée s’étaient ainsi installés l’a priori de la sécurité et le référentiel du sens. Il est plausible qu’en d’autres circonstances, si autour de la table nos parents avaient à voix basse parlé de sexe et non de mort, mon récit aurait commencé autrement : une question au moins avait reçu sa réponse, de la jouissance on ne veut qu’une chose, qu’elle continue.

La douleur appelle la question du sens, le plaisir la refoule à plus tard, souvent à jamais. « Tout ici n’est que luxe, calme et volupté » rime avec panse et potée, non avec pensée.

Avec qui ?

Levant les yeux de mon nombril, je regardai autour de moi. Le système solaire, la voie lactée, les galaxies, les distances et l’espace infinis. Le temps en milliards d’années, dans le passé, dans le futur, des durées infinies. Quelque part à la croisée de ces deux infinis, quelques gouttelettes de cytoplasme, la vie, l’éphémère de la vie. De nouveau qu’est ça ? De nouveau la question du sens.

Un moment, divagation d’adolescent, je me dis que, puisque tout disparaît, s’évapore, que donc rien ne sert à rien, la seule réponse cohérente et logique c’est le suicide, ici, immédiatement, sans même attendre de recevoir une épée de polytechnicien ou d’académicien, ce qui prouverait quoi pour qui pour quoi faire? Bien entendu, je ne passe pas à l’acte, « Il faut se méfier des pensées qui nous viennent assis », et je ne résous pas.

Continuant à regarder autour de moi, mais accommodant ma vision à mi-chemin entre l’infini spatio-temporel et la petite sphère globalement confortable où avec d’autres privilégiés je m’ébats, je vois d’autres humains. Plusieurs années d’analyse m’apportent quelque lumière, le faisceau d’une lampe de poche balayant un capharnaüm, sur la façon dont je donc ils fonctionnent. Je me fabrique un modèle, imparfait mais un peu satisfaisant car explicatif dans un nombre de cas supérieur à celui que donnerait le seul hasard, encore qu’exceptionnellement prédictif.

3- Et alors ?

Coincé entre mon paralysant paradigme du sens et mon conatus impératif, je décidai de fuir cet inconfort en adoptant la position du : je vis, donc faisons avec, et de telle sorte que ce soit le plus agréable possible, pour moi et mes semblables. J’avais réinventé, en petit, l’existentialisme athée. Je ne découvrirai que plus tard que pour certains, leur agréable, leur bien vivre, suppose la destruction du bien vivre de leurs semblables.

Je me dis, tel un scientifique colleté aux lois de la Nature, qu’il devrait être possible de poser quelques principes théoriques non pollués par les angoisses ou les fantasmes du théoricien, car confrontés à l’observation. Encore plus fort, je spécule même, par analogie avec la structure de la matière, qu’une analyse fine des comportements des hommes permettrait d’isoler des besoins et désirs élémentaires, en nombre limité. Selon les circonstances, ces éléments simples et peu nombreux donneraient par combinatoire la myriade des comportements constatés. Par exemple, il existe, il existait, dans le monde un grand nombre de systèmes familiaux (mariages, parentèles, initiations…). Ils proviennent de la combinaison d’un nombre réduit de données : sexe, filiation, collatéralité. L’hypothèse de la combinatoire du petit nombre de désirs élémentaires me semble recevable. Aussi parachèverai-je Descartes et sa Combinatoire des passions, mais dans une autre vie. Pour celle-ci j’en resterai à un niveau plus macroscopique.

Ce qui donne ci-après le fruit annoncé de mes ruminations.

 

4- Besoins et Désir, moteurs d’Homme.

Il existe une punaise des bois dont l’espèce montre parfois une curieuse procédure. La reproduction est sexuée. Alors qu’un mâle chevauche une femelle, il arrive qu’un second mâle, rodant alentour en veine de copulation, vienne chevaucher le premier, qu’il transperce avec son dard pour atteindre la femelle. Se produisent alors simultanément la fécondation d’icelle et la mort d’icelui.

Je rêvassais en transposant la situation à l’espèce humaine. L’impossibilité anatomique ne me gênait pas. Par contre, la ressemblance symbolique et l’absence d’interdit moral chez ces punaises m’avaient secoué. J’avais pleinement intégré, tuer pour copuler, que « le désir n’a d’autre justification que lui-même ». S’ajoutant aux nécessités vitales et aux besoins sociaux, le Désir, en majesté, entrait en scène.

Je découvris donc que ce qui fabrique et meut un homme c’est, résultant de son histoire, son désir. Et tout homme, du plus misérable au plus puissant, peut éprouver tout désir, toutes les sortes de désir. Ses autres attributs, âge, position sociale, éducation,… ne sont que sont des aides ou des obstacles à la réalisation de son désir.

Je constatai que le désir produit toutes sortes d’individus. Certains préoccupés d’autrui, des Abbé Pierre, des Mendès-France, des Jean Moulin, des Danièle Casanova…D’autres au contraire, puisque de chaque homme peuvent émerger des flatulences nauséabondes, des Menguele, médecin et sadique, des Milosevic, psychiatre et génocidaire, des paraplégiques impitoyables, des notables incestueux, etc…

D’où deux questions, au moins : qu’est-ce que le désir ? comment se forme-t-il ?

 « Ce sont d’excellentes questions, j’y répondrai plus tard ». Je reste sur le fil principal.

5- Les hommes font le sort des hommes

La « société de la connaissance », des merveilles de technologie, internet, les smartphones, la chirurgie à distance… Le génie humain. Merveilleux. Mais que fait l’homme de son génie ? Seule espèce parmi toutes les espèces, il extermine ses congénères :

– des chômeurs par millions, la précarité, la pauvreté, la peur du lendemain

– des milliers de migrants, les maffias, les esclavages, les waterboarding,

– des Shoahs, des Hiroshima, des Rwanda, des KKK (Ku Klux Klan ou Kinder Küche Kirche, au choix), des goulags, des famines organisées, des Daesh …

– liste inépuisable

Les victimes de ces horreurs ne s’interrogent pas sur le sens de la vie. Ce qu’elles veulent, c’est vivre. Eux, leurs enfants, leurs proches, voire leurs lointains. Elles déploient pour cela d’incroyables énergies, des trésors d’imagination. Elles n’ont pas de temps pour autre chose que leur obsession vitale, et ne sont pas tracassées par le sens de la vie, encore moins par le pari du divertissement pascalien.

En même temps, sur la même planète, de tous temps mais en pire aujourd’hui, un nombre minuscule d’autres humains pataugent gaiement dans l’accumulation (d’argent, de pouvoirs, de jouissances, de choses…), le luxe, le gaspillage…. avec l’absolution de leur autojustification. Selon l’ONG Oxfam, en 2014 les 85 personnes les plus riches du monde détiennent autant de richesses que les 3,5 milliards les plus pauvres, et la concentration s’accroit chaque année. Avec des chiffres un peu différents, de nombreuses autres études convergent vers le même constat global.

3,5 milliards divisés par 85 = 41 millions. Une seule personne peut-elle avoir autant de mérite ou produire elle-même autant de richesses que 41 millions d’autres ? Non. Un tel écart ne peut pas s’expliquer par le seul mérite individuel. Il provient du détournement de richesses.

Dont les méthodes de captation sont connues. Et s’il y a « ruissellement », c’est bien des pauvres vers les riches qu’il opère. Bien entendu ce ruissellement ne se fait pas tout seul. Y œuvrent toutes sortes de couteaux, seconds, troisièmes, dixièmes, qui y trouvent intérêt ou protection. « Tout grand crime demande mille petits bourreaux ».

Ce constat entraîne pour moi deux conséquences :

– « Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse »,

– Je veux bien qu’on parle de conatus, mais pas à ceux en train de se noyer en Méditerranée ; ce serait indécent.

Et aussi deux questions : Comment cela est-il possible ? Que faire pour que cela ne le soit plus?

Ce qui cause les marées, c’est la lune. Mais la lune ne cause pas la misère. Ni les guerres, ni les abominations. Ce sont des hommes qui causent le sort des hommes. On dit que les hommes font leur histoire, même s’«ils ne savent pas l’histoire qu’ils font ».

Après avoir remisé la question du sens dans ma lourde besace des interrogations irrésolues, je pose que le but de chaque humain c’est un bien vivre, mot qui englobe, sans que j’aie ici nécessité à les distinguer, bonheur, joie, satisfaction… Un bien vivre, mais pas n’importe lequel : le sien parmi tous les bien vivre possibles. Un, article indéfini, et non le, article défini, pour souligner que le bien vivre, le buen vivir, revêt d’innombrables formes. Y compris les plus abjectes. Le sadisme, ce n’est pas un scoop, existe.

Proposons que le bien vivre d’un individu c’est l’état dans lequel il peut à la fois satisfaire ses besoins, dont le premier est vivre, et ses désirs, tous, ses pulsions, toutes.

Notons que, si l’on veut bien aller jusqu’à la fin ultime de l’analyse d’une action, d’un comportement, si l’on veut bien descendre sans se lasser la chaîne des conséquences visées, on constate que toute action a obligatoirement pour objectif de servir le bien vivre de celui qui agit. Il existe une téléologie de l’action. Y compris bien sûr dans ses dimensions inconscientes, dans ses dimensions consciemment criminelles, il n’existe pas de « crime gratuit », et aussi dans ses dimensions apparemment altruistes. Qui se sacrifie pour autrui se dévoue en même temps pour lui-même. Cela n’est pas un jugement de valeur, c’est l’énoncé d’une propriété du vivant. C’est une conséquence du conatus, ou une autre manière de le dire.

Les bien vivre peuvent être antagonistes : le bien vivre de l’un peut s’exsuder du mal vivre, jusqu’à en mourir, d’un autre. Exemples :

– un mari bafoué enferme son épouse adultère dans un sac avec un chat sauvage ; lui sauve son honneur, elle meurt ;

– à la fin de sa dure journée de travail un fonctionnaire rentre chez lui soigner son canari, d’autres sont enfournés dans des crématoires ; lui a la satisfaction du devoir accompli, eux partent en fumées ;

– un trader fait gagner à son employeur plusieurs millions de dollars par une spéculation audacieuse sur le prix du riz, les paysans explosent en émeutes de la faim ; celui-ci se félicite, les autres désespèrent ;

et ainsi de suite ad nauseam.

6- Le choc des bien vivre : « Tout ce qui se fait se fait malgré ».

Sur le chemin de son bien vivre, chaque homme met en œuvre ses atouts : santé, éducation, culture, revenus, position sociale, relations, etc…. Il rencontre des obstacles. En premier lieu, les irréparables : le temps, la maladie, la mort. Mais avant que ne surviennent les irréparables s’érigent les contraintes. Certaines sont physiques (les forces gravitationnelles, la biologie, la faim, la douleur….), d’autres sociales (le manque de moyens financiers, intellectuels, informationnels, la réprobation sociale, la crainte des rétorsions…) d’autres psychiques (la morale personnelle, le passé, l’inconscient…). Parfois lourdes, parfois légères, parfois absentes.

Une mention particulière pour le système de valeurs morales, à la fois obstacle et atout.

Un système de valeurs, c’est cet ensemble de prescriptions plus ou moins explicites de comportements, que chacun s’exhorte à respecter, et qu’il respecte plus ou moins selon les circonstances. Exemple : « Tu ne tueras point ». Ces énoncés sont parfois appelés « lois morales ». Loi est une dénomination impropre. On peut tabler sur les tables de multiplication, elles s’imposent à tous, consentants ou pas. On ne peut qu’avec circonspection tabler sur les tables de la loi, violables et communément violées.

Au contraire, une loi scientifique, par exemple la loi de la chute des corps, s’impose à tout humain, quel qu’il soit, en tous temps en tous lieux, et est inviolable. Une loi juridique est imposée aux humains d’un temps et d’un lieu, sous peine de sanctions répertoriées. Par exemple, tout voleur de chevaux sera puni de mort (Texas, XIXème siècle). Idem pour tout sodomite (Soudan, de nos jours). En matière culturelle on évolue entre loi et usage, plus ou moins sanctionné.

Une valeur morale a pour but de concourir à la pérennité d’un fonctionnement social donné. Elle opère non par la punition, mais par l’approbation, si l’on se comporte en « bien élevé », ou la réprobation, si l’on se comporte en « mal élevé ». Mais si son origine est bien d’ordre social, sa pratique est d’ordre privé. Chaque individu l’observe ou la transgresse, par délibération avec lui-même. Si la loi juridique dit, ou tout à coup se met à dire, que les femmes, ou les juifs, les noirs, les Tutsi, les handicapés, les coiffeurs…, sont infrahumains et doivent être tués, ou traités comme des choses, ou bien si arrive la libération du joug de l’oppresseur et donc le temps de l’épuration, alors chez les uns sont libérées bien des sauvageries contenues, alors que (peu) d’ autres maintiennent leurs valeurs d’humanité.

D’où un continuum de comportements, allant de la satisfaction des besoins, comme la prostitution de fin de mois d’un étudiant ou d’une étudiante, à la satisfaction des désirs, comme l’achat d’un yacht de 60 mètres.

Dans ce continuum, il n’y a pas de monstre, il n’y a que des hommes. Les respectés négociants nantais du commerce triangulaire, Goebbels, Mladic, les phalangistes de Sabra et Chatila, tant d’autres, étaient ou sont des hommes. Les Droits de l’Homme ne sont pas une nécessité objective. Ils sont un souhait de nombreux hommes, que cela libère. Ils sont une hantise d’autres hommes, que leur bien vivre conduit à perpétuer leur domination. Dans le combat des bien vivre, chacun croise d’autres hommes, selon les circonstances alliés, complices, adversaires, ennemis.

Les déjà évoquées merveilles de la technologie ne sont à citer que pour mémoire : elles accroissent le pouvoir sur les choses et les êtres, pour ceux qui les détiennent, mais ne changent rien à notre psychisme néandertalien.

Qu’est-ce qui, en définitive, décide de l’issue des conflits de bien vivre ? La négociation ? La loi ? Oui, pour ce qui est négociable, ou justiciable, c’est-à-dire ce qui n’est pas le substrat petite partie conscient majeure partie inconscient du bien vivre. Mais pour l’essentiel ce sont, in fine, les rapports de force qui décident, puisque admettre que le désir n’a d’autre justification que lui-même c’est reconnaître que le désir est insensible à toute raison, ce que confirme l’observation.

« Qu’attendez-vous ?

Qu’on puisse causer avec les pigeons ?

Que les insatiables vous laissent un os à ronger ?

Que les loups vous nourrissent au lieu de vous dévorer ?

Que les tigres par amitié vous invitent gentiment à leur arracher les dents ?

Voilà ce que vous attendez ! »

7- « Deviens qui tu es » ? Surtout pas : le Mal du monde, c’est le désir libre.

J’appelle action animale une action destinée à satisfaire un besoin immédiat de survie biologique : respirer, boire, manger, dormir, faire cesser la douleur. Quand l’homme est en pressant danger de mort, l’animal surgit au secours de l’homme. Personne ne résiste à la torture : pour qu’elle cesse, on avoue, fut-ce n’importe quoi. Des milliers de sorcières ont confessé avoir forniqué avec le diable. A Mauthausen un fils, menacé d’être noyé, a noyé son père dans un fossé d’eau ; il est devenu fou après. Ne résistent à la douleur et à la mort que des êtres rares et exceptionnels, exceptionnellement convaincus et déterminés… Les dix irlandais de Mme Thatcher ont poursuivi leur grève de la faim jusqu’à leur mort.

Je me place dans le cas usuel où nos actions n’ont pas besoin d’être animales. Dans ce contexte, nos actions ont pour objet de satisfaire nos désirs, de fuir nos angoisses, de ne pas transgresser nos tabous, conscients ou inconscients. Ce n’est donc pas « Au début était le verbe », c’est « Im Anfang war die Tat ».

Si un homme, jamais seul car il est toujours soutenu ou couvert ou protégé par son groupe de féaux intéressés, conquiert, possède, accroît son pouvoir, alors c’est cet homme qui dit le bien et le mal, qui non plus craint mais exerce la rétorsion, et qui peut avec délices, en toute impunité, céder à ses caprices, désirs et fantasmes personnels.

J’appelle criminel un bien vivre qui accroit la souffrance physique ou psychologique d’autres humains. J’appelle solidaire un bien vivre qui accroit leur bien-être. De tous les bien vivre, celui qui me paraît le plus criminel est celui que procure l’exercice d’un pouvoir. En effet :

Il est des bien vivre issus de plaisirs dont la source est dans le sujet désirant lui-même : la consommation de choses (voitures, costumes, spectacles…), la nourriture, le sexe, l’alcool…. Leur champ d’application est le sujet lui-même, limité car il finit par arriver à satiété. Au contraire, le bien vivre éprouvé à partir du pouvoir, quelle que soit la forme de pouvoir (force, torture, sadisme, richesse, domination, violence, maltraitance…) n’arrive jamais à satiété car son champ d’application est autrui, donc illimité dans l’espace (il y a toujours d’autres humains asservissables) ou/et dans le temps (un troisième mandat, un quatrième, …).

Ce n’est donc pas être manichéen que dire qu’il y a des hommes, des individus en chair et en os, qui pour leur bien vivre causent, induisent, favorisent, les malheurs du monde, directement ou de plus loin. Ils ont généralement bonne conscience, bonne rationalisation, souvent arrogance et cynisme. Ils avancent toujours des justifications qui parlent d’autre chose que des vraies raisons, à savoir, bêtement, leur jouissance, à tout le moins leur plaisir.

Que se passe-t-il dans la tête d’un propagateur de la vraie foi qui allume un bûcher ou tranche une gorge, d’un capitaine d’industrie qui sous-traite au Rana Plazza, d’un bourreau d’enfant qui prend sa ceinture…. Je n’ai pas eu l’occasion d’y aller voir. Mais je suis certain qu’ils sont humains, autant par la digestion et la défécation, « Il n’existe pas de grand homme pour son valet », que par leurs désirs ou leurs émotions. Seules diffèrent les proportions du cocktail de désirs.

L’histoire et l’actualité sont chiches en dictateurs éclairés. Par contre elles regorgent d’hommes que la disparition ou l’étouffement d’opposition et de contre-pouvoirs a rendu délirants et mégalomanes, quand bien même ils sont partis d’objectifs libérateurs et généreux: les révolutionnaires de 1789 (qui ont inventé la Terreur), Staline et les bolcheviks, les khmers rouges, le FLN, le Patriot Act et Guantanamo, la CIA et United Fruits, des élites africaines et leurs « biens mal acquis », etc… La criminalité aux mains propres et en col blanc ou mao excelle à se dissimuler. La « banalité du mal », ce n’est rien d’autre que la banalité du désir que rien ne bride.

Un contractuel de la Poste pense surtout à payer son loyer. A quoi pensent les milliardaires, qui de toute leur vie ne pourront dépenser leurs milliards ? Sans doute pas à les dépenser, ce n’est pas le but. Le but c’est d’accumuler d’autres milliards, plus que les autres milliardaires. Comme leur prostate souvent les disqualifie aux concours de distance de miction, ils jouent à celui qui accumulera le plus. A croire que leur ampoule rectale est plus hypertrophiée que leur ego.

Un homme sans contre-pouvoir détient du pouvoir de nuisance. Outre les dictateurs non éclairés, combien de petits chefs, de tyrans conjugaux, de meneurs de tournantes, de tortionnaires d’animaux… ? Ceux qui n’ont pas les moyens ou la position d’exercer un pouvoir continu ou étendu se rattrapent dès que par hasard leur échoit une once de ce nectar. Quelle proportion de Présidents d’association, de chefs de syndicat (salariés ou patronaux), de responsables de comité d’entreprise, résistent aux potentiels avantages de leur position ? Voltaire raconte l’histoire d’un sultan à la recherche d’un honnête ministre des finances. Zadig fait passer les candidats un à un dans la salle du Trésor où ils demeurent seuls un moment. A la sortie il les fait danser. Un seul danse avec légèreté, le seul à ne s’être point chargé d’or et de bijoux. « Prenez celui-là, dit Zadig au Sultan. Il ne sera peut-être pas le plus habile, mais il est le plus honnête ».

Vision pessimiste de l’homme ? Oui, comme ceux que leur profession conduit à être témoin du déchainement des passions : les notaires lors d’un héritage, les avocats lors d’un divorce, les fonctionnaires de police…. Je ne fais pas confiance à l’homme seul, mais je fais confiance à l’humanité. Je fais confiance aux délibérations collectives, si difficiles soient-elles, c’est-à-dire à la démocratie.

Elle dresse les contre-pouvoirs nécessaires pour brider les débordements du ça. Contre-pouvoirs surmoïques si l’on veut, mais surtout sociaux. L’appliquer voudrait dire qu’un homme ou un groupe, avant de détenir un pouvoir, tandis qu’il est encore capable de lucidité, se dote lui-même de barrières, de garde-fous qui l’empêcheront plus tard d’être emporté par la griserie de la cupidité ou de la toute-puissance. « La vertu la plus ferme évite les hasards ». Je conviens ne pas savoir comment faire, à supposer que de tels hommes ou groupes existent. Car il y a peut-être une contradiction interne dans les termes : un général pourrait-il être antimilitariste, un cardinal athée ? L’attrait du pouvoir a-t-il le pouvoir de s’autolimiter ?

8- Après moi le déluge.

L’interdépendance des hommes ne serait-elle pas un frein au désir débridé et meurtrier?

A l’inverse du grizzly solitaire, l’homme pour survivre est en effet obligé de vivre en société. Même l’ermite au fond de sa grotte a besoin qu’on lui apporte à manger. Cette interdépendance fut flagrante et immédiate dans les petits groupes des sociétés premières.

Dans nos organisations actuelles, bien que toujours aussi réelle, elle est à plus long terme, donc moins visible. S’il se produit une marée noire à Quiberon, c’est bien ennuyeux pour les Bretons, mais au siège d’Amazon, à Seattle, c’est moins grave. Si les prothèses mammaires PIP éclatent dans le corps des femmes c’est bien triste pour elles mais en tant que mâle je n’ai rien senti. Le réchauffement climatique submerge quelques îles plates ? Le Pacifique est loin, et d’ailleurs ici ça ne bouge pas.

 « Not in my backyard », l’impératif bushien « Le mode de vie américain n’est pas négociable», et après moi le déluge.

Il est bien sûr possible que le déluge arrive plus tôt que prévu, et atteigne de plein fouet ceux qui pensaient lui échapper. Cette perspective pourrait-elle brider le désir, en lui opposant la nécessité de survivre ? Non. Car on sait que l’homo oeconomicus, être rationnel qui liste les choix possibles, compare les avantages/inconvénients de chacun, enfin choisit celui qu’il juge le plus approprié, n’existe pas. En pratique, l’homo, par paresse ou précipitation, n’optimise pas. Il s’arrête à la première solution satisfaisante trouvée. Un bon tien vaut mieux que deux tu l’auras.

9-Tout est déterminé. Le libre arbitre n’existe pas, mais faisons comme si.

« – Je vois bien le cheval, mais pas la caballéïté.

– C’est qu’il vous manque un peu d’esprit ».

Ce doit être mon cas, car il m’est impossible de concevoir un évènement sans causes. Elles sont multiples, enchevêtrées, possiblement inconnues, mais réelles et antérieures. Il m’est impossible d’imaginer une génération spontanée. Ainsi je crois au total déterminisme : « Dieu ne joue pas aux dés ». Ce qui est bien le postulat de l’association d’idées dans la cure.

Une action est déterminée, non pas par une cause unique, mais par un système de causes en interaction, les unes concourantes, d’autres contradictoires. Ce qui est observable, c’est la résultante, plus, si on a de la chance, deux ou trois déterminants parmi tous ceux qui ont joué. Qu’un enfant violé ne devienne pas forcément parent violeur, ou qu’un parent violeur n’ait pas été enfant violé ne remet pas en cause l’airain du déterminisme. Celui-ci est multi, poly causal. Le réduire à une ou deux causes, uniques, toutes puissantes, ne relève-t-il pas de la pensée magique ? Et alors l’abandonner à constater qu’ainsi ça ne marche pas ne revient-il pas à abandonner la pensée parce que la pensée magique ne marche pas ?

Tout est déterminé, y compris la croyance au libre arbitre, et la croyance au déterminisme. Bien entendu nous n’avons qu’une vue imparfaite des chaînes de causalité, explicatives ou anticipatives. Je ne sais pas prédire combien de bulles se formeront dans ma coupe de champagne dans les dix secondes qui viennent. Je sais déjà mieux annoncer le temps qu’il fera dans trois jours. Quand on ne sait pas, on invoque le hasard, la chance, la malchance, une coïncidence… Mais ce ne sont que commodités de langage, à ne pas confondre avec la réalité des causalités.

D’ailleurs, comment se passe un « libre choix » ? Voici deux pommes sur ma table. Je suis seul. Je m’apprête à en manger une. J’hésite, puis j’en « choisis » une, que je saisis. Est-il imaginable que, même à bas bruit dans mon inconscient, voire plus profond dans mes systèmes de perception, ce choix soit sans cause antérieure et sans raison postérieure ? Je ne le conçois pas.

J’ai lu que des savants à la pointe de la physique atomique s’étaient résolus à ne pouvoir expliquer que par le hasard certains phénomènes qu’ils observaient. Cela aussi je ne le conçois pas. Peut-être découvrira-t-on un jour, par hasard, que ce hasard n’existe pas ?

Il n’est pas besoin de beaucoup de finesse pour ironiser sur l’aspect déculpabilisant de cette vision déterministe. Je n’ai pas la vie que je voulais ? ou bien, je ne voulais rien de particulier, mais la vie que j’ai ne me plait pas ? Ce n’est pas ma faute, je n’y suis pour rien, tout était déterminé à l’avance. Cette tentative de dédouanement est plausible. Mais même avérée, elle n’empêche pas la validité de l’hypothèse.

C’est pourquoi je vois la vie comme un moment de rafting. On est accrochés à un boudin secoué par le torrent du désir. Certains à l’avant brandissent une pagaie, une sagaie ou un balai-brosse en s’imaginant conduire quelque chose. Certains s’accrochent comme ils peuvent. D’autres cherchent à être aspergés. Pour tous la cascade finale.

Cela étant, ne reste-t-il qu’à s’asseoir sur le sol et se couvrir la tête de cendres en attendant que ce qui est écrit arrive ? Certains le font. La plupart ne le font pas. A chacun selon son pseudo choix. Moi j’oublie mes rails et je me dis que je suis libre, ça me fait du bien.

10- Que faire ?

Dans ces conditions, que faire ? Que « choisis-je » de faire ? Je ne sais pas.

Les essais d’« homme nouveau » ont été une horreur. Je pense qu’il faut laisser l’homme à ses démons et commencer par rendre décentes les conditions de vie matérielles de tous, par satisfaire les besoins vitaux et sociaux. Cela ne civilisera pas la sauvagerie du désir, mais cela supprimera quelques causes de malheurs. Pour œuvrer à cet effet, je pense que les actions collectives fortes portent. Mais je ne m’y sens pas à l’aise, peur des passions de foule ? Je me dis que apprendre, réfléchir, m’informer, discuter, éduquer, parfois manifester ou pétitionner pour ce que je trouve juste, sont des actions qui combattent les bien vivre criminels, ou promeuvent les bien vivre solidaires.

Engagement mou ? Sans doute. Encore qu’en d’autres circonstances il suffirait pour m’engeôler. Je ne peux faire mieux.

11 – Incises matérialistes.

Le désir.

Que sont la douleur, le plaisir, le désir ? Je parle de leur nature, non de leur symptômes que nous ressentons : chacun perçoit vite si ç’est agréable, ou douloureux. Ce qu’ils sont, je ne sais pas. Mais avant d’évacuer cette question dans ma besace, une piste pour le désir

Un être humain n’est pas qu’une machine thermodynamique ou un système chimique. Bien que, on le sait aussi depuis toujours, des substances modifient les perceptions, les sentiments, les émotions. Pour leur donner du courage, on a fait ingérer de l’alcool éthylique sous forme de gnole à nos poilus de 14, ou de saké aux kamikazes japonais de 45 (à qui l’on n’avait pas enseigné à atterrir, et dont le cockpit devenait indéverrouillable après fermeture, on n’est jamais trop prudent). Depuis, on a affiné les produits et les procédures. Subsiste la question de l’étendue de la chimie. On sait que des stimuli externes, coups, gestes, mimiques, odeurs… entraînent simultanément des réactions émotives (peur, plaisir…) et des réponses chimiques. Pourquoi la parole de l’analysant et de l’analyste n’auraient-elles pas dans notre corps leurs incidences chimiques ?

Autre approche. Un chaton joue avec une boulette de papier, ou tout autre objet qui roule. Un bébé joue avec un grelot, ou tout autre objet qui fait du bruit. Sont-ce la boulette ou le grelot qui sont intéressants, ou bien n’est-ce pas au contraire l’intérêt du chaton ou du bébé qui s’investit dans des choses qui se trouvent là à ce moment?

Il apparaît que ce n’est pas un objet qui suscite le désir, c’est le désir qui s’incarne dans un objet. Les vieux, les seuls, les malades qui gémissent ne plus avoir goût à la vie manquent de désir, pas d’objets de désir. L’incarnation ne se produit qu’à une certaine époque du développement : les enfants loups ne peuvent plus apprendre à parler passé un certain âge, les enfants placards deviennent définitivement aveugles, les émois amoureux sont corrélés à des équilibres hormonaux, etc….En arriverait-on au « Meilleur des mondes » ? Il est sûr que d’aucuns y travaillent.

Le pouvoir.

Le pouvoir est un puissant désir, le seul en permanence insatiable. Pourquoi cette passion triste ?

De tous les animaux, le petit d’homme est le seul qui reste aussi longtemps, par rapport à sa durée de vie, dépendant d’autrui pour sa survie. Plusieurs années, on dit néoténie en langue savante. Cette situation de dépendance, donc de hiérarchie, donc de pouvoir, nous imprègne dès la naissance. Peut-être certains ont-ils une revanche à prendre ?

Qu’est-ce qui est permanent dans l’impermanence ?

La matière de notre corps est en incessant renouvellement. A tout instant des molécules, des atomes sont éliminés, d’autres sont acquis, à des vitesses différentes selon les organes ou les tissus : en quelques semaines pour les cellules de la peau, plusieurs années pour les cellules des os.

Si, expérience de pensée, je considère dans mon corps d’adulte un atome de calcium d’un de mes os, ou un atome de phosphore de l’émail d’une de mes dents, ou un atome de carbone d’un de mes neurones, je peux être assuré qu’aucun de ces atomes n’était présent dans mon corps vingt ans auparavant. Peut-être il y a plus longtemps encore voguait-il quelque part dans l’espace en « poussières d’étoile ». Chaque molécule a été remplacée par une autre molécule du même corps composé, chaque atome par un autre atome du même corps simple : eau par eau, fer par fer. C’est ce remplacement à l’identique qui, entre autres, différencie le vivant du fossile minéralisé : dans un bois silicifié il y a de la silice et des métaux qui la colorent, il n’y a plus d’eau du bois.

Pourtant, entre l’adolescent et l’adulte que je suis devenu, entre cet adulte et le vieillard que possiblement quoique non certainement je deviendrai, quelque chose persiste, plus ou moins : conscience, mémoire, souvenirs, identité…

Qu’est ce quelque chose qui persiste ? Ce n’est pas la matière elle-même, puisqu’elle se renouvelle. Nombreux répondent l’âme, le karma… Ces réponses idéalistes ne me satisfont pas plus que ne me satisfait l’explication des propriétés narcotiques du pavot par « la vertu dormitive de l’opium ». Un composant assez fixe est la disposition relative des éléments matériels dans l’espace, c’est-à-dire, plus exactement que la forme, la topologie. Mais quel lien avec la conscience, la mémoire, le sentiment… ? Une question de plus dans ma besace.

12- Retour du refoulé, résurgence du besoin de sens.

La satisfaction des besoins procure une jouissance d’être. Les puissants ou les chanceux dont tous les besoins et les désirs sont comblés, souvent se lancent dans une jouissance de l’avoir, une sorte de quête boulimique insatisfaite : ils hyper consomment, ils possèdent 2000 paires de chaussures, ils mettent des tapis de soie au sol de leur garage, ils s’achètent des clubs de foot, ils veulent devenir président des USA ou de l’Europe, ils se jettent dans le sexe ou/et la drogue, les orgies, le stupre ….

Ils ne parviennent pas à la sérénité d’un nirvana. Comme si avoir satisfait tous ses besoins et tous ses désirs n’était pas satisfaisant. A mon avis c’est le cas. L’avoir, le toujours plus, ne sont pas un solvant de l’angoisse existentielle, laquelle n’apparaît pas chez ceux qui se débattent pour simplement vivre, ni chez ceux qui se débattent pour simplement trouver quoi encore acheter.

J’ai un peu honte de le dire depuis mon fauteuil, car je n’oublie pas tous ces humains que leur vie écrase, qui rêvent seulement d’un vivre ensemble pacifié, ce qui manque encore, c’est le sens. Laissons le dernier mot à Granoff :

« A savoir que je partage l’opinion de Freud selon laquelle si un sujet se pose vraiment la question du sens que peut avoir le fait d’être vivant, c’est, pour parler crûment, que quelque chose a tourné à l’aigre dans sa libido, et que, d’autre part, ce qui nous maintient en vie, est ce que, pour ma part, j’ai imaginé d’appeler la nécessaire mégalomanie vitale… »

Granoff dit que si l’on ne trouve pas de sens à la vie, c’est que quelque chose d’aigre est arrivé à la libido. Pourquoi pas ? Mais il ne dit pas que, à l’instar de l’univers, il existe un sens hors de notre existence. La question disparaîtra avec le questionneur.

 

Jacques WODA

Août 2015

 

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