Répression (Unterdrückung) chez Freud (Joël Bernat)

Lors d’une discussion au séminaire de la Société viennoise, Freud, en 1907, apporte la précision suivante : la psychanalyse vise à libérer la sexualité psychique du sujet (qui s’épuise à la refouler sans cesse et donc la subir) et de remplacer le refoulement par un renoncement conscient. Il en donne quelques éclaircissements tels que rapportés par Otto Rank dans les Minutes de la Société viennoise de Psychanalyse :

– La répression est un refoulement conscient par opposition au refoulement organique inconscient  qui, lui, est donc le résultat d’une censure. Réprimer : maintenir la représentation tout en contrôlant l’affect, et cela passe par une reconnaissance et un jugement d’admission..

Ce n’est pas le refoulement qui est à l’origine de la névrose, mais son échec. Il y a à prendre conscience du refoulement de la sexualité par la civilisation et apprendre à la subordonner aux nécessités de la culture (par exemple, en déplaçant la sexualité vers la soif de savoir, source de toute recherche intellectuelle : le modèle est Léonard de Vinci). Ainsi la psychanalyse aide à remplacer le refoulement par une répression normale ( in Minutes de la Société viennoise de Psychanalyse, Tome I, Gallimard, pp. 46, 96, 220. Et ce n’est pas l’éducation qui refoule, elle ne fait que renforcer le refoulement ; elle est donc toujours en position seconde.

De quoi, sans doute, éclairer la célèbre formule de Freud, « Wo Es war, soll Ich werden », « là où ça était, je dois advenir ».

– le rôle du psychanalyste est de mettre à jour la sexualité en rendant conscient son refoulement. Ensuite l’individu apprend à la subordonner aux exigences de la civilisation en remplaçant son refoulement par une répression consciente et « saine » (Ibid., séance du 15-V-1907.)

L’année suivante, en 1908, il écrit ceci :

« L’influence nocive de la civilisation se réduit essentiellement à la répression nocive de la vie sexuelle des peuples civilisés par la morale sexuelle « civilisée » qui les domine. » (in « La morale sexuelle « civilisée » et la maladie nerveuse des temps modernes », La vie sexuelle, PUF 1969,  p. 31.)

« Une répression de ces éléments de l’excitation qu’on [les psychiatres] appelle pervers » […] « car la reproduction sexuelle légitime est le seul but sexuel autorisé » par eux (Ibid. p. 38.)

 Voir aussi les textes :

–          1900, l’interprétation des rêves

–          1914, Totem et tabou

–          1915, l’inconscient

–          1915, le refoulement

–          1923, le moi et le ça

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