Représentation (Vorstellung, vertreten) Joël Bernat

Formation psychique pouvant rendre présent un objet (externe ou interne) en son absence, ou qui se substitue à un objet.

Cette formation psychique est donc supposée restituer, présenter de nouveau, ce qui a été perçu du monde externe ou interne par les organes sensoriels. Mais cela fait question : comment s’opère le passage du sensoriel (physique inconscient) au psychique, et qu’est-ce qui peut garantir qu’une représentation est en adéquation avec le perçu ? Freud s’est intéressé à cette question, du début à la fin de ses travaux. Avec lui, il nous faut différencier deux niveaux de représentations.

Un premier niveau de représentations opère la jonction entre le soma et la psyché : le « représentant-représentation » est une représentation ou un groupe de représentations à laquelle la pulsion ou l’affect se fixe selon l’histoire du sujet. Ce « représentant de la pulsion » donne ainsi une expression psychique : un quantum d’énergie devient ainsi un « représentant psychique », c’est-à-dire l’expression psychique des excitations endosomatiques ; dès lors représenté, il peut, selon les processus primaires, être déplacé sur d’autres représentations. Ces opérations se déroulent dans l’inconscient (le ça) proprement dit, et restent, selon Freud, une mythologie nécessaire tant cette opération reste inconnaissable.

Il y a un second niveau d’opérations de représentation, strictement psychique (dans la partie inconsciente du moi) : les perceptions ou les représentants tentant d’accéder à la conscience, vont subir des opérations de liaisons avec des traces mnésiques (visuelles, cœnesthésiques, etc.) afin de donner une « représentation de chose ». La liaison avec les traces mnésiques verbales préconscientes du moi permet dans un second temps de forger une « représentation de mot » qui, elle seule, peut devenir consciente. Mais il y a deux types de représentations : soit elle re-présente (vorstellen), soit elle substitue (vertreten) une autre représentation, ce qui produit une « fausse liaison » et une réalité qui n’est que psychique. Seule l’épreuve de réalité permet de les différencier.

C’est aussi le travail de l’analyse que de défaire ces « fausses liaisons » représentatives par l’épreuve de réalité (tant face au monde externe réel que le monde interne inconscient).

Indications bibliographiques :

S. Freud, L’interprétation des rêves (1899), Œuvres complètes, IV, Paris, P.U.F., 2003.

S. Freud, « Formulations sur les deux principes du fonctionnement mental » (1911), in Résultats, idées, problèmes, I, Paris, P.U.F., 1984.

S. Freud, « Métapsychologie »( 1915), in Œuvres complètes, XIII, Paris, P.U.F., 1988.

S. Freud, Nouvelles conférences sur la psychanalyse (1932), Paris, Gallimard, 1984.

S. Freud, Abrégé de psychanalyse (1938), Paris, P.U.F. 1967.

Joël Bernat

 

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