Roseline Bonnellier : « Sexe et genre en psychanalyse RÉFLEXIONS SUR LE TEXTE DE JEAN LAPLANCHE : « LE GENRE, LE SEXE, LE SEXUAL » (DANS SEXUAL, 2007) »

L’Œdipe freudien a son point d’impact dans le narcissisme au complexe de castration, pièce maîtresse dans la formation de l’Idéal-du-moi. Jean Laplanche se propose d’introduire en psychanalyse la « catégorie » du « genre ». Mais, dit-il, si le « genre » assigné à l’enfant par les proches du socius est premier, c’est le « sexe » qui organise le(s) « genre(s) » et non pas le contraire. Laplanche, tout en déplaçant d’une main l’Œdipe d’un point de vue topique hors du noyau de « l’inconscient », conserve dans l’autre main le « code » du « complexe de castration », dit sous la litote imagée à souhait « le bras séculier » du « sexe » unique (primat du phallus) destiné à organiser le divers des genres : avec, en « reste » de l’opération dialectique du refoulement, le sexual de la sexualité infantile. Le problème de « l’Œdipe » en psychanalyse ne demeure-t-il pas entier du point de vue topique au regard d’une définition de l’inconscient « sans l’Œdipe » ? Sont en reste surtout la question de l’idéal-du-moi et son contrepoint révélateur que représente la question du féminin.

 « Les perturbations auxquelles est exposé le narcissisme originel de l’enfant, ses réactions de défense contre ces perturbations, les voies dans lesquelles il est de ce fait poussé [gedrängt] à s’engager, voilà ce que je voudrais laisser de côté, comme un matériau important qui attend encore d’être travaillé à fond ; on peut en extraire la pièce la plus significative*, le « complexe de castration » (angoisse pour le pénis chez le garçon, envie de pénis chez la fille) et en traiter en relation avec l’influence de l’intimidation sexuelle précoce. […] »

Freud, Pour introduire le narcissisme, O.C.F.-P. XII, 235

Pour introduire…     

Chez Freud, le complexe de castration, « la pièce la plus significative » dans la formation de l’Idéal-du-moi, organise le complexe d’Œdipe, qui est d’abord le complexe d’Œdipe du garçon, celui de la fille venant après coup théorique d’un « primat du phallus » posé par déduction du complexe de castration : il en ressort, ou ressuscite comme le phénix.

La démonstration freudienne est assez « circulaire » ; elle fonctionne sur le mode du paralogisme, dont la première prémisse est incomplète : le palliatif est métaphoro-métonymique, le pénis est la partie prise pour le tout.

Freud s’appuie sur les théories sexuelles infantiles, très précisément sur l’analyse du petit Hans ; mais son « interprétation » fait que de son côté à lui, l’auteur adulte de la théorie, compromis avec son « inconscient » (selon la théorie de Laplanche que j’applique), le risque est pris du sophisme. Il y a une « raison » à ce flottement, intrinsèque de la méthode psychanalytique, à ce niveau formulé de la  « preuve » ; elle s’énonce comme suit : « la névrose est le négatif de la perversion », elle l’est aussi en théorie. L’idéalisation du pénis fétichisé en totem paternel indexé sur le rehaussement d’un « primat du phallus » est le résultat d’un processus de dénégation devant l’autre sexe supposé sans défense par rapport à l’angoisse pulsionnelle. Lorsqu’on arrive chez le  Lacan de la « structure », qui accentue la « castration » et en fait le « point capiton » retourné en « Loi » au « Nom-du-père », la  « psychose » sera définie comme une « troisième structure », hors l’Œdipe phallo-centré d’un « sujet » de « l’inconscient structuré comme un langage » (le « niveau de preuve » passe aux mains du structuralisme linguistique et ethnologique). La psychose est alors déterminée par la « forclusion du Nom-du-père ». À l’étape lacanienne du « Symbolique », dans les années 1950, la « forclusion du Nom-du-père » sert de « preuve » a contrario de la « Métaphore paternelle » reprenant l’Œdipe freudien qui a été transformé au premier temps en « castration de la mère » (phallique) : le « complexe familial » est accentué, « la mère » à tout faire récupérée chez Lacan en « première prémisse » du paralogisme phallo-centré.

Ici, se grefferait aujourd’hui, dans la clinique en augmentation des borderline où il faut d’abord cacher cet Œdipe qu’on ne saurait plus voir, une alliance théorique possible avec une mère « assez bonne » à tout faire également de Winnicott, qui aurait intégré « naturellement » par avance la castration programmée  au féminin « invisible » d’un premier Œdipe « disparu »  sous le Surmoi avancé  de Mélanie Klein passée par là : quel est « le sexe » en effet de la mère de Winnicott  et du coup, du « self » ?

Il était « logique » pour le Lacan du « Symbolique » de placer la question (hystérique) « Qu’est-ce qu’une femme ? » dans Le Séminaire III sur les « psychoses ». Si l’on « touche » au « code » de la « castration » appliquée à « la femme » [on peut, puisqu’elle « n’existe pas »], tout le système est ébranlé et l’édifice freudien – la métapsychologie, au moins sous son aspect topique – remis en question : le « moi » de la seconde topique n’a que l’avenir de son illusion bâtie sur le « socle » de l’Œdipe, qu’est l’idéal-du-moi.

Œdipe est le « reste » en psychanalyse, partie prenante dans sa propre culture, de la question métaphysique. Que refoule la civilisation occidentale en y trouvant son ressort fondamental en fait de « pouvoir politico-religieux »[1] qui s’y dérobe.

Quant à « la femme », hélas pour celles qui souffrent et qui meurent sous les coups que leur impose encore « le destin, c’est l’anatomie » de l’homme dans la culture,  c’est une sorte de « réserve naturelle » peut-être, qui habite dans le temps, et plus loin encore, espérons-le, que les sept montagnes de l’idéal-du-moi de Freud, et de Blanche-Neige dans « l’avenir de l’homme » où tentait de la récupérer le poète chanteur communiste, pour qu’à l’homme soit toujours promis la lune de son sacré Phallus, à titre d’ersatz ou pièce de rechange après « la mort de Dieu » postmoderne.

Le « bras séculier » du « sexe » psychanalytique

Chez Laplanche, qui écarte désormais le récit oedipien de l’acception de « l’inconscient » comme refoulé, le « bras séculier » du  « sexe » dans le complexe de castration organiserait « le genre » (Gender en anglais). Quant au « sexual » inconscient de la sexualité infantile, « objet de la psychanalyse », Jean Laplanche propose, dans son article  « Le genre, le sexe, le sexual »[2], qu’il soit « le résidu inconscient du refoulement-symbolisation du genre par le sexe ».

  Je m’interroge sur le genre de « sexe » organisateur de tout l’Œdipe freudien, demeuré un schibboleth pour le fondateur de la psychanalyse, tandis que Jean Laplanche nous re-présenterait, déplacé dans l’« aide à la traduction »  fournie par le socius à l’endroit du groupe des personnes proches assignant à l’enfant le message du « genre », un complexe « sans l’Œdipe »[3], réduit à son seul « code » conservé au niveau du « préconscient-conscient » pour la topique (du moi).  Je trouve ce « sexe » freudien, qu’un Jean Laplanche – qui « sait bien, mais quand même » – garde dans son propre remaniement topique, hautement problématique : ce « sexe » freudien de « Le destin, c’est l’anatomie », où « l’anatomie » phallique a remplacé le mot de Napoléon (entretien d’Erfurt avec Goethe sur « les pièces fatalistes », 1808) toujours actif dans les dessous de la parodie-métaphore refoulante, à savoir « la politique », c’est en effet « le sexe » de l’Idéal-du-moi introduit avec le narcissisme (1914) en psychanalyse. 

Introduction chez Freud de l’Idéal-du-moi avec  le narcissisme

Chez Freud, l’organisateur du complexe d’Œdipe est le complexe de castration, pièce maîtresse de la formation d’Idéal-du-moi, au niveau d’introduction du narcissisme où l’Œdipe (du garçon) a son impact. De là s’ordonne la logique phallique-castré(e), logique binaire ou « duelle », dont la « raison » serait par conséquent « narcissique » : Le passage[4] où Freud « laisse de côté » cette pièce maîtresse, ainsi mentionnée comme en passant, de la formation de l’Idéal-du-moi se trouve au début du paragraphe III de l’introduction du narcissisme, logé entre le narcissisme parental de His Majesty the Baby dont Freud vient de parler et la contestation dans l’adlérisme d’une « genèse de la névrose » assise sur « la base étroite du  complexe de castration » au titre de la « protestation masculine » dans les termes d’une « valorisation sociale ».

Or, n’est-ce pas justement par cette pièce maîtresse du complexe de castration à l’œuvre dans la formation de l’Idéal-du-moi que cette instance constituerait le « socle » de l’Œdipe ? Et lorsque l’Idéal-du-moi va se muer en « Surmoi » (à distance de « mémoire » dans le développement de l’enfant), retrouvé à la fin du complexe du garçon comme « l’héritier du complexe d’Œdipe », on saisit d’autant mieux comment Mélanie Klein sera amenée, d’après l’observation clinique des enfants, à ramener un « Surmoi » (venu de l’Idéal-du-moi) en prémisse d’un complexe d’Œdipe qui commence de se généraliser un peu plus avec une phase « féminine » plus importante. Le problème avec cette « fille spirituelle » de Freud, c’est qu’elle « écrase » le processus œdipien sur sa base, et, comme le dénoncerait Laplanche, qui n’a de cesse de montrer « le fourvoiement biologisant de Freud », elle ferait de l’Œdipe une sorte de « mythe biologisant » assénant son « interprétation ». Mais la puissance fantasmatique de l’Œdipe kleinien est étonnante et mobilise forcément l’attention.

C’est Janine Chasseguet-Smirgel, spécialiste de l’Idéal-du-moi, qui reconnaît dans cette instance plutôt un « fantasme ».

Mes propres travaux de recherche me font ajouter à cette précieuse observation de J. Chasseguet-Smirgel que l’Idéal-du-moi est le « fantasme incestueux » par excellence de l’Œdipe du garçon chez Freud : Claude Lévi-Strauss arrive à ce moment avec Les structures élémentaires de la parenté ; il a lu Freud avec Marx (lequel Marx, malheureusement, comme le constate Thomas Mann, n’a pas lu Hölderlin). Le mot « inceste » n’existe pas en grec ancien ; Œdipe est une périphrase. La « faute » tragique motive la pièce de Sophocle Œdipe Roi. Hölderlin traduit littéralement Œdipe Tyran : le « mythe » tragique, avec la connotation aristotélicienne à entendre dans le mot « mythe », et sa « traduction » hespérique ou moderne « occidentale » constituent un, peut-être « le » grand sujet d’étude de Hölderlin, dont le niveau d’analyse est tel qu’il dépasse « de loin » en portée l’Œdipe psychanalytique selon ses déclinaisons freudienne, kleinienne, lacanienne… Qui ne représenteraient  plus qu’une région en « traduction » du mythe  et ses… départements, avec un Nachtrag ou « codicille » important, « l’éclipse » d’Œdipe dans ou par « la théorie de la séduction généralisée » de Jean Laplanche. Ce dernier donnerait le coup d’envoi paradoxal à l’effacement de l’ardoise et pousserait d’aucuns à tout reprendre depuis le début de la traduction. Qu’apparemment j’aurais pris en charge, un peu malgré « moi »…

En amont chez Freud, à un niveau moins élaboré, plus vague, et projeté en prémisse « préhistorique » de son Œdipe dont « le garçon » est le modèle, « retraduit » et interprété par Freud à partir de la tragédie d’Œdipe Roi de Sophocle, « l’identification primaire  au père de la préhistoire personnelle » de Psychologie des masses et analyse du moi est « considérée plus ou moins », Jean Laplanche nous le rappelle dans son texte « Le genre, le sexe, le sexual », comme « la matrice de l’idéal du moi » : la théorie de la séduction généralisée appliquée à l’idée d’« assignation » de genre par les socii, « change complètement le vecteur de l’identification » , et Jean Laplanche, en élargissant la nuance apportée en note par Freud d’une identification plus indistincte « aux parents » de l’enfant, va alors parler d’une « identification primitive par le socius de la préhistoire personnelle ».

Nous y voilà : en ce qui me concerne, je suis en train d’introduire dans le processus narcissique de la formation d’Idéal-du-moi la « catégorie » du « message » énigmatique, ou « compromis avec l’inconscient de l’autre [adulte : pour l’enfant] », de la théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche qui me vient  sous la main au juste point d’application, le point d’impact de l’Œdipe freudien (du « garçon » roi) dans le concept de narcissisme introduit par Freud en psychanalyse : l’Idéal-du-moi est son cheval de Troie.

Jean Laplanche : « Pour introduire le  genre dans la pensée psychanalytique freudienne »

Jean Laplanche, dans son article  « Le genre, le sexe, le sexual », se propose d’« introduire le genre dans la pensée psychanalytique freudienne » (J. Laplanche, Sexual, p. 162). Cette introduction de la catégorie du « genre », suspendue à la réintroduction au niveau du refoulement secondaire du « bras séculier » du « sexe » de la castration,  n’est-elle pas destinée pour Laplanche à lui servir de nouvelle maïeutique pour accoucher dialectiquement du sexual remis à l’épreuve d’un « trouble dans le genre » (Judith Butler) symptomatique d’un « malaise dans la civilisation » ? Ne peut-elle pas tenir lieu, dans le cadre de la théorie de la séduction généralisée, de contre-investissement théorique du refoulement originaire à l’endroit d’une théorie  inachevée de l’Œdipe chez Freud, arrêtée au refoulement secondaire (après coup) où l’angoisse défensive de « castration » (seconde théorie de l’angoisse d’après Laplanche, Problématiques I), refoule l’autre, et avec elle son inspiration que suscite l’autre « sexe » ?

            Pour introduire le genre, Jean Laplanche continue, dans cette même page 162 de Sexual, à s’y autoriser entre autres du fait que, si Freud n’utilise « jamais le terme, et pour cause puisque la langue allemande ne le lui permet guère », le genre chez Freud est néanmoins « présent, en pointillés tout au moins ». Laplanche précise sur la base principale du dictionnaire bilingue –  côté Freud, un peu étendu, côté Laplanche, à l’emploi plus « savant » possible et différentiel  de doublets d’origine latine en allemand  pour rejoindre « l’excursus » dans le « genre » linguistique ajouté en « Hors-texte II » à cet écrit : « « Geschlecht » veut dire à la fois « sexe » et « genre » ; même s’agissant du « genre humain », c’est le mot « Geschlecht«  qui est utilisé.  Donc il manque le mot, même s’il peut sans doute être réinventé en allemand avec le terme savant de  « Genus  » ». Et Laplanche rappelle, puisque chez Freud,  « à défaut du mot, la chose n’est pas tout à fait absente »,  les « trois couples d’opposition » freudiens : « actif-passif », « phallique-castré », et celui qui « nous intéresse ici, « masculin-féminin » ». Le troisième est d’après Freud « le plus difficile à penser, il est peut-être même rebelle à la pensée » [Les références freudiennes sur « cette première différenciation » entre « masculin » et « féminin » et le point de vue de Sirius, données par Laplanche, se trouvent dans Nouvelle suite des leçons d’introduction à la psychanalyse et les Théories sexuelles infantiles]. C’est sur cette distinction – différence des « habitus » observés d’emblée par le voyageur « étranger » à notre civilisation que Laplanche se permet notamment de « légèrement modifier le texte de Freud » en remplaçant les deux « sexes » par « genres ». Insistons que d’après les Théories sexuelles infantiles ainsi que dans la démonstration de Jean Laplanche au cours de cet écrit, le voyageur venu de l’étranger, c’est d’abord l’infans et enfant découvrant le monde des « adultes ».

            Il s’agit pour Jean Laplanche, de réintroduire avec « la catégorie du genre » qui reste « souvent absente ou impensée » (J. Laplanche, Sexual, p. 163) par Freud,  celle du « message énigmatique » propre à la théorie de la séduction généralisée ; la situation de séduction originaire se passe  « dans une simultanéité : c’est l’enfant, en présence de l’adulte, qui se pose la question de cette différence présente chez l’adulte. Mais chez Freud, bien souvent, ce questionnement est oublié » (J. Laplanche, ibid., p. 163). Pour définir le genre, nous dit Laplanche, « le terme capital », c’est l’ « assignation » : « Assignation souligne le primat de l’autre dans le processus ».  Cette assignation est faite par « le petit groupe des socii proches »  (J. Laplanche, ibid. p. 167). À la différence de la thèse de Person et Oversey cités qui disent « Le genre précède le sexe et l’organise », le schéma dialectique de Laplanche est alors le suivant : « Oui, le genre précède le sexe. Mais loin de l’organiser, il est organisé par lui. ». Et ce qui en résulte, selon un schéma du refoulement que Laplanche nous re-présente à nouveau, c’est le sexual de la sexualité perverse polymorphe infantile. [L’œuvre théorique de Jean Laplanche commence par la critique de Lacan au Colloque de Bonneval en 1960 à l’endroit de la métaphore du refoulement proprement dit de Lacan concernant « le Nom-du-père » (c’est la « castration ») sous laquelle Laplanche pose sa métaphore plus étagée du « refoulement originaire »].

Le problème que j’aborde dans mes propres travaux se trouve bien là, souligné par et dans les travaux de Laplanche, qui a certes déplacé « dans le socius », au niveau du langage « préconscient-conscient » dans le « message » des adultes, l’organisateur de l’Œdipe freudien (ou encore plus : lacanien) comme « aide à traduire » pour l’enfant, le « code », à savoir la « castration », mais entend bien, de cette façon, le garder. Le « sexe » phallique refoulant agit comme un « bras séculier »  pratiquement « universel ». Sur la base de certaines études (Roiphe et Galenson), et aux yeux de Laplanche, « à la différence de Freud, c’est un complexe de castration qui n’est pas lié en un premier temps avec l’Œdipe » (Laplanche, ibid. p. 172) :

« Ce que le sexe et son bras séculier, pourrait-on dire, le complexe de castration, tendent à refouler, c’est le sexuel infantile. Le refouler, c’est-à-dire précisément le créer en le refoulant. » (J. Laplanche, Sexual, p. 173)

Et le problème, qui est chez Freud, apparaît dans les pages précédant cette nouvelle démonstration par Laplanche  de la théorie de la séduction généralisée ici appliquée sur le terrain socio-culturel du « genre » (sexué).

« L’homomythe »  de  la culture prise pour une seconde « nature »

Laplanche retrouve Freud dont il a dénoncé pourtant « le fourvoiement biologisant » sur le pastiche par celui-ci de la phrase de Napoléon conversant avec Goethe en 1808 « Le destin, c’est la politique », lorsque Freud substitue au mot « politique » son « anatomie », qui est celle en fait de « son » interprétation du complexe d’Œdipe-roi du garçon, à partir de la tragédie de Sophocle tombée comme « idée incidente » en tant que « rêve diurne » dans la Traumdeutung de 1900 : « Le destin, c’est l’anatomie ». « Anatomie n’est pas biologie, et encore moins physiologie et encore moins déterminisme hormonal », soutient  Laplanche qui développe un peu la question sur le plan de « l’anatomie  scientifique » [celle qui prévaut pour le médecin. Mon commentaire. R.B.], avant de passer à « l’anatomie populaire, et de plus perceptive voire purement illusoire » (p. 171), et maintenant Laplanche s’attarde sur cette « anatomie populaire, et de plus  perceptive », celle qui emporte « le morceau » du seul « sexe » qui rentre en ligne de compte, chez Laplanche comme chez Freud. Tout est conservé du « code » psychanalytique de la « castration », même si « la certitude du complexe de castration se maintient sur fond d’idéologie et sur fond d’illusion » (J. Laplanche, Sexual, p. 170) – je remonte le texte de Laplanche à contre-courant ou à rebrousse-poil –,  sur cette base étroite (n’est-ce pas un argument de fait assez « faible » ?), qui n’est tout de même pas sans « flirter » avec une certaine idée freudienne de  phylogenèse en contradiction avec la pensée de Laplanche : le passage à la station debout de l’homme qui ne laisserait plus voir que les organes génitaux externes masculins avec régression de la perception olfactive remplacée, semble-t-il, par une surdétermination  de «  la pure visualisation au sens médical du terme ». Je cite Laplanche, Sexual, p. 171, avec mon commentaire sous sa forme de court-circuit cherchant à griller la « résistance » de l’institution psychanalytique que la croyance enfantine du patient rassied dans le fauteuil derrière lui : le « médecin » a remplacé le « prêtre ». Dans La question de l’analyse profane (« des laïcs » en allemand), la réserve critique de Freud, qui s’adresse peut-être en premier lieu à lui-même, vis-à-vis de l’alliance prépondérante de l’institution psychanalytique avec « la sphère des intérêts médicaux » lui fait opposer le mot « laïc » à « médical ». Effectivement, et pour résumer, l’hystérique très plastique, qui éventuellement s’ignore derrière la borderline d’aujourd’hui auquel l’Œdipe de la fille en « deuxième sexe »  d’hier ne convient plus, l’hystérique à laquelle je continue plutôt de croire,  « Madame Bovary, c’est moi »  ne va plus depuis belle lurette chez son confesseur, mais chez son « psy ».

Il y aurait une sorte de raisonnement, si ce n’est « vicieux », en tous les cas assez spécieux, dans le reproche qu’adresse Laplanche aux féministes (Judith Butler est citée par rapport à son second livre Bodies that Matter, ainsi que Nicole-Claude Mathieu), obligées de réintroduire le « biologique » du « sexe » et ses « contraintes » comme base « pour le subvertir et le  « dénaturaliser » en genre » (Laplanche, Sexual, 160-161). Alors même que « l’anatomie » du pénis, soigneusement détachée stricto sensu de toute « biologie », continuerait de valoir pour le « bras séculier » du sexe faisant la « différence » (certifiée : non biologique), le tout quand même sur la base étroite « physique » supposée « factuelle » et quasi intemporelle (d’où le recours à la « preuve » palliative par l’exemple des études de Roiphe et Galenson) des organes génitaux masculins qui sont seuls « visibles », et du coup crédibles, attestant la bonne tenue du complexe de castration dans les théories sexuelles des enfants. Pour que celles et ceux-ci, selon « leur position » dirait Lacan progressiste dans l’accès démocratique au Phallus pour tous, se repèrent, tels des lacaniens en herbe ayant étudié la dialectique hégélienne par Aufhebung, surtout les petites filles qui sont « pastoutes » par nature [ (?) : Mot d’un genre assez irrecevable actuellement, car la nature, depuis Lévi-Strauss, est comme « la Femme » qu’a résumée Lacan : elle n’existe pas, c’est un « mythe » dans l’acception lévi-straussienne du terme]  – et elles ont vraiment beaucoup de travail performatif à produire pour arriver à « bon port » : il s’agit de se repérer dans la bonne  « identité [sexuelle] de l’identité [positive ou « en plein » de l’homme]  et de la non-identité [négative ou « en creux » de la femme] » [Entre crochets, mes commentaires ajoutés par rapport à la citation de Laplanche dans Hölderlin et la question du père, p. 116, où la « différence » de Hölderlin s’oppose à la « synthèse » hégélienne d’un « sujet » qui à cette époque « para-lacanienne » de J. Laplanche correspond à celle de la Métaphore du Nom-du-père, tandis que  l’objection  hölderlinienne à toute philosophie de l’identité  d’un « sujet »[5] premier  est reconnue, certes, mais « jugée » dans la thèse lacanienne à l’aune de la « forclusion du Nom-du-père ». Très grosse question d’éthique en philosophie appliquée à la psychanalyse, à partir de la psychanalyse appliquée à la philosophie, qu’il me faut « laisser de côté » ici !].

Il y a aussi cette contradiction dans le raisonnement de Laplanche cherchant à « prouver » le sexual de la sexualité infantile refoulée, résultant du refoulement du « genre » par « le bras séculier » du « sexe » : le redressement préhistorique de l’homme qui perd le « sens olfactif » et ne peut plus voir que les organes sexuels mâles,  concerne l’adulte et non pas le petit enfant. Enfant ou infans que, par contre, l’énigme sur « l’homme » adressée posée par la Sphinx à l’Œdipe antique n’oublie pas au départ : il commence par marcher à quatre pattes, avant de se retrouver adulte sur deux pieds, et de finir sur trois (avec la cane ou le « bâton de vieillesse » qui a nom Antigone pour Œdipe à Colone). Et pour ce qui est des odeurs que vont renifler nos chers bambins en circulant à quatre pattes, évidemment, j’avoue pour ma part mon ignorance, quant à savoir s’il y a une différence entre garçons et filles, et sur le moment d’arrivée des effluves et diverses senteurs d’origine hormonale… hum, je  risque  pour le coup de me fourvoyer vraiment à mettre le nez dans cette histoire biologique, physiologique…, et, nous assure Laplanche, pas du tout anatomique. Comme l’est a contrario la bonne « forme » et Gestalt du pénis au ministère des affaires extérieures d’un petit garçon par rapport au, paraît-il – comme saurait le dire aujourd’hui la science avec tous ses instruments modernes –, encore plus grand oiseau d’un ministère intérieur de l’invisible en ramifications nerveuses, sur lequel est branché le plus petit bouton rose extérieur du clitoris de la petite fille. Ce qui doit tout de même relever aussi de l’anatomie au même titre que celle de l’œil des personnes des deux sexes en tous genres qui vont y voir et pourraient en informer leur future et de plus en plus savante progéniture.

En ce qui concerne Judith Butler dans Gender Trouble, lorsqu’il s’agit de Freud, et outre mon précédent morceau de bravoure comparatif amusé des anatomies sexuelles qui ne m’apparaissent pas constituer le fond du problème, elle appelle « gender » le « sexe » du « complexe d’Œdipe » de Freud  – Jean Laplanche  ne le souligne pas assez, et introduit dans son texte un autre « genre » énigmatique que celui d’Œdipe (écarté) qui finalement reste au « sexe » freudien de référence dans le « complexe de castration ». Le « sexe » du « complexe de castration » organisateur refoulant le(s) genre(s) est  distribué entre les « garçons » et les « filles » ainsi « genrés » autour de ce que Jean Laplanche nomme si justement, en maniant la litote avec le style qu’on lui connaît : le « bras séculier » du « sexe » psychanalytique (le complexe de « castration »). J’insiste : ce que Jean Laplanche, pour introduire le « genre » dont parlent des auteurs « féministes », rappelle comme ce qui s’avère être le « bras séculier » du « sexe » en psychanalyse, dans l’acception de  la « culture » du temps de Freud, ce « sexe » de la « volonté générale » populaire et de la Raison du contrat social homosexuel des frères en leur Révolution française fratricide (Jacques André),  plus connoté  que moins de la religion monothéiste de « l’homme » Moïse,  der Mann  (de sexe masculin, vir en latin), les féministes en question, comme c’est de bonne guerre, l’appellent « genre », et non pas « sexe ».

Voilà le problème que pour ma part j’observe, et c’est toujours le même jusqu’à aujourd’hui, non analysé en psychanalyse, partie prenante de notre culture : après Freud, et après Lacan quand même, qui s’est efforcé d’en faire le « point capiton » d’un « Symbolique » en « béton » au « Nom-du-père », avec toute une armada philosophique, linguistique et ethnologique, pour rattraper le « mythe scientifique » de la « castration » par « meurtre du père » dans Totem et Tabou de Freud, mal vu de l’esprit cartésien des Français, lesquels sont par ailleurs encore assez pressés comme dans l’Antiquité d’en venir directement aux mains en décapitant leur Roi par voie de fait, le « complexe » (de la castration) résumé à sa plus simple expression de « code » ayant été déplacé à présent en « aide à traduire » dans le tissu socio-culturel, tel le « bras séculier » d’une guillotine reconvertie pour l’usage en matière de « sexe » d’un haut et bas clergé psychanalytique participant aux bonnes œuvres d’une culture troublée, eh bien, oui,  J. Laplanche continue de confondre « l’homme » et son « mythe » sur la base de théories sexuelles infantiles supposées relativement immuables quant au « code ». Les petites filles devront toujours aller brûler un cierge, de préférence phallique, à Saint Christophe de la « traduction » portant l’enfant du « code »  supposé porter « le monde », étant donné que du côté des petites filles, Saint Christophe n’a jamais mis les pieds. Le pendant de la question de l’idéal-du-moi est la question du féminin : tel est le cierge destiné à éclairer le « continent noir » laissé en blanc au moment de la tache aveugle en théorie du « complexe de castration » dont le « deuxième sexe  » est toujours priée de s’accommoder en genre, féminin ou autre,  pour que le premier et seul « sexe » s’y retrouve à fermer les yeux sur on ne sait quel « trouble » d’on ne sait plus quel genre, peut-être d’aucun, revenant en reste au sexual.

 Pourtant, il y a bien un problème de définition de la « sexualité perverse polymorphe » infantile dans le refoulé de l’ « inconscient ».  Si la définition du mot « pervers » continue de se référer au déni du « pénis »[6] supposé faire toujours la seule différence du « sexe », je me demande comment l’ « inconscient » du sexual arrive aux petites filles… Et au moyen âge de la théorie psychanalytique organisant l’Œdipe relégué derrière les fagots critiques d’un Jean Laplanche qui introduit le(s) genre(s), tel un pêcheur en eaux troubles, pour le(s) remettre à l’épreuve du « bras séculier » du « sexe » certissimus  en « aide à la traduction » d’Ancien Régime de la castration cherchant à y remettre de l’ordre, je me demande toujours si… les femmes ont commencé d’avoir une âme au ciel de la psychanalyse dans la culture. Même si, ayant subi « l’intimidation sexuelle » pratiquée par « le bras séculier » surmoïque,  je n’ose plus m’interroger sur le « genre » d’inconscient qui leur reviendrait, et ne leur reviendrait pas en tous les cas d’un droit « naturel » accordé par « le destin, c’est l’anatomie » de l’homme dans la/sa culture.

L’homo psychanalyticus confond énormément l’homme et son mythe

Le problème d’« Ancien Régime » du « sexe » psychanalytique est celui de sa confusion avec un mythe de l’Homme que jusqu’alors la psychanalyse dans sa théorie (la métapsychologie : la topique du moi chez Freud ; le « sujet » de « l’inconscient » chez Lacan) ne veut pas « lâcher ». Pourquoi ? Il s’agit du concept de narcissisme. En gros la quête « identitaire » reposant sur un idéal-du-moi « phallique » représentant le pouvoir « politico- religieux » a changé de mains, ce qu’exprime  parfaitement Freud à l’endroit du « narcissisme parental » à l’égard de His [et non pas « Her » naturellement] Majesty the Baby : le « bourgeois-citoyen » (Bürger) a remplacé le « Roi » de droit divin ; la « raison » ou le « moi » est celle en principe de l’individu dans une « démocratie », bien que le narcissisme de l’Idéal-du-moi continue de fonctionner comme une monarchie constitutionnelle. Le grand problème du passage à la modernité « occidentale » que « traduit » bien plus profondément que Goethe et que Freud le poète et penseur Hölderlin, c’est le « départ des dieux » signifiant un approfondissement pour l’humanité de son « destin ». Freud remplace seulement de manière fugace la religion par le concept de narcissisme qui ne suffit pas à Œdipe : l’impact phallique dans le narcissisme à l’endroit de l’Idéal du-moi masque une catastrophe, la « disparition du complexe d’Œdipe du garçon », dont les racines sont « religieuses », ou en tous les cas « sacrées », fondatrices d’humanité : elles sont mythiques. Le « garçon » était le genre « idéal », le modèle du « moi » à venir de la seconde topique. La « fille » en filiation (Tochter) arrive après coup parce qu’elle vient d’avant dans l’originaire par défaut (de l’objet identificatoire phallique ou proton pseudos dans son « hystérie » d’accommodation) : c’est le « complexe » plus général que développerait un nouveau « schème » de l’Œdipe plus relatif au temps dans l’inconscient. Il faut tenter de penser ici avec Kant, qui l’a entrevu au niveau a priori de l’entendement[7], un temps « impensable » [Cf. Hölderlin dans les Remarques sur Antigone : « l’entendement de l’homme dans sa marche sous l’impensable »], c’est-à-dire, pour nous en psychanalyse : au niveau de l’« inconscient ». Cela a lieu avant l’emprise de la « raison » (de quelle définition de l’Homme ?), une « raison » trop rapidement confondue avec la seule imagination transcendantale, moins « pure » du côté de l’entendement  que dans la première Critique kantienne, selon qu’on a affaire à Hegel ou à Heidegger. Or Hegel, encore plus que Heidegger, influent puissamment sur Lacan, soit à l’arrivée projetée d’un « sujet » temporalisé assimilant son « objet » dialectiquement chez Hegel, soit au départ « proto- »  par rapport à l’adresse future herméneutique de la « finitude » ontologisante chez  Heidegger. C’est là que Laplanche s’interroge avec la théorie de la séduction généralisée et son concept de la « Nachträglichkeit dans l’après-coup » différent de l’adresse au grand Autre de Lacan, autour d’une « pensée du temps » que représenterait sa théorie. Ce que je tente d’apporter, c’est le schème œdipien généralisé correspondant à une nouvelle topique (du « moi »), qui n’annule pas l’Œdipe pseudo « premier » du garçon modèle de la seconde topique freudienne, mais qui le remet à sa place relative dans l’ « identification narcissique » seconde (et secondaire par « retour » dans les psychoses ou névroses narcissiques d’un Freud précédant Lacan) où il a son impact, et d’où part le refoulement secondaire. Lequel aujourd’hui ne semble plus suffire à la « défense » d’un « moi » dans le monde tel que l’histoire de notre culture le suscite au regard de la pulsion narcissique qui s’y déchaîne. Nous y sommes comme dans un « trou noir » en astronomie, et pour l’homme, ce trou noir de la pulsion est un trou « métaphysique ».

Roseline Bonnellier, Ecrivain. Germaniste et Docteur en psychologie,  Membre de l’A2IP. Chargée d’enseignement à Paris VII en « Études psychanalytiques »

août 2010

AJOUT BIBLIOGRAPHIQUE ULTÉRIEUR (21/10/2013)

BONNELLIER, R., 2007.  « De Hölderlin et la question du père à la théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche : Avancée paradoxale de la traduction d’Œdipe en psychanalyse », thèse du Doctorat de psychologie, Université Paris-XIII. Reproduction de la thèse par l’Atelier National de Reproduction des Thèses, 2008, Diffusion : A.N.R.T., Domaine Universitaire (Lille III) du Pont de Bois BP. 60149, 59653 Villeneuve d’Ascq Cedex, ISBN : 978-2-7295-7070-5.

Un exemplaire de l’ouvrage a été déposé également aux Archives de Hölderlin à Stuttgart (Allemagne) avec d’autres travaux de l’auteur touchant à Hölderlin depuis 1965 : 23 titres / résultats indiqués au 07.02.2013  dans la base de données de la Bibliographie Internationale de Hölderlin (IHB online), Württembergische Landesbibliothek Hölderlin-Archiv.

                      , 2008.  « Aux sources culturelles de la psychanalyse, l’Œdipe relatif: Hölderlin et la question du père de Jean Laplanche », in le Carnet PSY, numéro 124 – mars 2008,  24-30.

                      , 2009. « Œdipe : l’éclipse. La théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche », Cliniques méditerranéennes 80, 233-247.

                      , 2010. Sous le soleil de Hölderlin : Œdipe en question. Au premier temps du complexe était la fille, Paris, L’Harmattan, coll. « Études psychanalytiques ».

                              , 2012, «Surréel et romantisme dans la langue allemande», Topique, N° 119, pp. 87-100.

                              , avril 2013, « Œdipe revient de loin Théorie générale du refoulement (point de vue topique)», Dans : D’un divan l’autre.

                              , avril 2013, « Nachträglichkeit / « Postférabilité » [HÖLDERLIN, LAPLANCHE, FREUD]  », dans : D’un divan l’autre.

                              , juillet 2013, « Freud de ‘tous les chemins mènent à Rome’ », dans : D’un divan l’autre.

                              , décembre 2013, « Deuil des héros antiques », à paraître dans Topique N°125, L’esprit du temps.

BUTLER, J., 1990. Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion. Tr. de l’anglais (Etats-Unis) par C. Kraus, Paris, La Découverte, 2005, 147-159 (« Freud et la mélancolie du genre »).

CHASSEGUET-SMIRGEL, J., 1973. « Présentation du rapport sur l’Idéal du Moi », Essai sur l’Idéal du Moi. Contribution à l’étude psychanalytique de « la maladie de l’idéalité ». XXXIIIe congrès des psychanalystes de langues romanes. In Revue française de psychanalyse 5-6 tome XXXVII, Paris, PUF, Sept.-Déc. 1973,  709-929. Réponse aux interventions faites en séance plénière.

FREUD, S.       , 1912. Du rabaissement généralisé de la vie amoureuse, dans : OCF.P. XI, 140.

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                      , 1933. XXIIIe Leçon, « La féminité », Nouvelle suite des leçons d’introduction à la psychanalyse, OCF.P, XIX, Paris, PUF, 1995.

                      , 1937. L’analyse avec fin  et l’analyse sans fin, T. coll. in : Résultats, idées, problèmes II. Paris : PUF (collection « Bibliothèque de psychanalyse »), 1987 (2e éd.).

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HÖLDERLIN, F., [Être et Jugement], 1795, 1ère éd. dans la Stuttgarter Ausgabe (1961) ; Remarques sur Œdipe et Antigone, 1804. In Hölderlin, Œuvres, s. la direction de P. Jaccottet, Paris, Gallimard / Bibliothèque de la Pléiade, Paris (1967), 282-283, 951-966. Et dans : Hölderlin, Fragments de poétique et autres textes. Éd. bilingue. Présentation, traduction et notes de J.-F. Courtine, Paris, Imprimerie nationale Editions, 2006.

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LAPLANCHE, J., [1959] /1961, Hölderlin et la question du père, Paris, P.U.F., 2ème éd. : 1969, 3ème éd. Quadrige : 1984.

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          , 2007. Sexual. La sexualité élargie au sens freudien 2000-2006, Paris, Quadrige/PUF.

LAPLANCHE, J. – PONTALIS, J.-B., 1964. Fantasme originaire. Fantasmes des origines. Origines du fantasme, Paris, Hachette (Collection « Textes du XXe siècle »), 1985.

Rivelaygue, J., « La place de Hölderlin dans la vie intellectuelle de son temps » dans « La genèse du système hégélien » in J. Rivelaygue, Leçons de métaphysique allemande, Tome I. De Leibniz à Hegel, Paris, Grasset & Fasquelle, 1990 (biblio Le Livre de Poche essais N° 4341).

                         , « L’interprétation hégélienne de l’imagination »  (Première section sur La Critique de la raison pure) et « Troisième section Heidegger et Kant (Kant et le problème de la métaphysique) » dans J. Rivelaygue, Leçons de métaphysique allemande, Tome II. Kant, Heidegger, Habermas, Paris, Grasset & Fasquelle, 1992 (biblio Le Livre de Poche essais N° 4342).

 



* Traduction modifiée (corrigée) par moi en conformité avec le glossaire (établi par François Robert) de Traduire Freud  (O.C.F.-P.) pour : « das bedeutsamste Stück ». Le volume XII des OCF.P dit : « la pièce la plus importante ».  R.B.

[1] J’emprunte cette formulation à l’enseignement de  Maurice Godelier que j’ai suivi un temps.

[2] Laplanche, J. (2003), « Le genre, le sexe, le sexual », in : Jean Laplanche,  Sexual. La sexualité élargie au sens freudien. 2000-2006, Paris, PUF/Quadrige, 2007, 153-193.

[3] Je m’amuse un tantinet à pasticher le titre du texte critique connu de Jean-Pierre Vernant, « Œdipe sans complexe » (1967/1972), en le retournant à l’adresse d’un Jean Laplanche qui ne veut plus du complexe d’Œdipe dans « l’inconscient » psychanalytique, mais garde « la clé » du complexe, déplacée dans le socius. [Cf. Vernant, J.-P., « Œdipe sans complexe » (1967, dans la revue Raison présente) in : Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet, Mythe et tragédie en Grèce ancienne, 1ère publication en 1972 aux éditions François Maspéro dans la collection « Textes à l’appui ».Tome 1. Paris, La Découverte, 2001 (La Découverte poche ; 101. Sciences humaines et sociales), 75-98].

[4] Cf. Freud, S. Pour introduire le narcissisme, OCF-P  XII, 234-236.

[5] Hölderlin, F., [Être, Jugement], (1795), in Fragments de poétique, Éd. bilingue de J.-F. Courtine, Paris, Imprimerie nationale Éditions, 2006, p. 154-155 : «Aber dieses Seyn muβ nicht mit der Identität verwechselt werden». [Ou dans : Hölderlin, Œuvres, éd. P. Jaccottet, Paris, Gallimard, 1967, p. 282]. Le fragment philosophique [Être, Jugement], qui atteste l’importance de Hölderlin dans la formation de l’idéalisme allemand fut retrouvé seulement au vingtième siècle et publié pour la première fois en 1961 par F. Beiβner dans la Grande Édition de Stuttgart.

[6] Comme s’y réfère la « troisième topique », du « clivage », d’un Christophe Dejours dont se rapproche Jean Laplanche dans son texte estimé également novateur « Trois acceptions du mot « inconscient » dans le cadre de la théorie de la séduction généralisée » (J. Laplanche, 2007, Sexual, 194-213). Or, sur le « déni » de la « différence des sexes » (du pénis la « signifiant »), il semble bien que, dans une lecture lacano-marxiste appliquée par ailleurs à « la souffrance au travail » dans le monde capitaliste, C. Dejours en soit resté à la définition lacanienne de « structure », en l’occurrence celle de la perversion qui lui sert de « modèle » [Cf. C. Dejours, Le corps, d’abord (2001), Paris, Petite Bibliothèque Payot, N° 476, 2003, p. 84].

[7] Cf. RIVELAYGUE, J. Leçons de métaphysique allemande. Tome II. Kant, Heidegger, Habermas, Paris, Grasset & Fasquelle, 1992 (biblio Le Livre de Poche essais N° 4342), pp. 138-140 : Chez Kant, les « catégories » de l’entendement sont des « synthèses spontanées, actives », et l’on voit mal comment une union serait possible avec « le temps, qui correspond au contraire à un type de relation passivement subie. » Nulle part, en effet « Kant ne prouve vraiment que l’entendement détermine le temps, ni comment il peut le faire. » Et le temps étant une « forme  a priori, il doit être différent des catégories de l’entendement ». Pour Hegel et Heidegger, l’imagination est originaire. Mais cette interprétation, explique Jacques Rivelaygue, ne résiste pas à une lecture  plus précise des textes de Kant. « L’imagination n’est pas concevable sans les règles de l’entendement qui sont antérieures logiquement. » Les concepts a priori ne sont pas seulement nécessaires, mais ils ont une « réalité psychologique dont nous pouvons prendre conscience. Comme tous les phénomènes de conscience sont temporels, on ne peut avoir conscience des catégories en tant que telles : c’est pourquoi elles sont représentées par leur schème, c’est-à-dire des successions d’actes dans le temps. […] Les catégories se rendent donc représentables par un sujet empirique, qui forme ce que Kant appelle un schème, une méthode de construction dans le temps ».

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